Coup de chaud sur le maïs européen et abondance mondiale de céréales


AFP le 27/08/2025 à 17:30
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Le dernier bulletin MARS a abaissé ses prévisions de rendement moyen pour la récolte européenne 2025 à 6,93 t/ha de maïs, contre 7,18 t/ha lors de ses prévisions de juillet. (© Dusan Petkovic, AdobeStock)

Les cours des céréales évoluent peu ces derniers jours, l'optimisme face aux abondantes productions mondiales attendues étant tempéré par quelques inquiétudes sur les rendements du maïs en Europe et un regard plus prudent sur la récolte américaine.

De la Bourse de Chicago aux places européennes, les cours des principales denrées agricoles ont très peu bougé sur une semaine.

Le maïs américain était orienté à la baisse, à 3,87 dollars le boisseau (environ 25 kg), à la clôture mardi soir à Chicago et évoluait mercredi en léger repli sur Euronext.

Alors que le ministère américain de l’Agriculture (USDA) prévoit une production record de 425 millions de tonnes de grain jaune aux Etats-Unis pour la campagne 2025-26, les résultats du tour de plaine (Crop Tour) qui s’est achevé vendredi dans les zones de culture a fait retomber l’euphorie ambiante.

Les premières analyses ont « montré une baisse surprenante des chiffres de rendement du maïs », notamment du fait de cas recensés de maladies sur certaines cultures, ce qui incite les acteurs du secteur à « faire preuve d’une certaine prudence », a relevé Rich Nelson, de la maison de courtage Allendale.

Et même si une récolte record de maïs est toujours attendue aux Etats-Unis, la situation est particulièrement surveillée dans l’Illinois et l’Iowa, « deux Etats clés de la Corn Belt où il y a de gros écarts entre les estimations de production de l’USDA et celles du Crop Tour », a précisé Gautier Le Molgat, PDG d’Argus Media France.

Craintes pour le maïs européen

Par ailleurs, les craintes pour le maïs européen se confirment. Le dernier bulletin de l’organisme européen de surveillance des ressources agricoles MARS, publié lundi, a abaissé ses prévisions de rendement moyen pour la récolte 2025, à 6,93 tonnes par hectare de maïs, contre 7,18 t/ha lors de ses prévisions de juillet.

Le temps chaud et sec qui a sévi dans le sud et l’est de l’Europe a, d’une manière générale, affecté les cultures d’été comme le maïs, le tournesol et le soja.

La sécheresse persistante en Roumanie, Bulgarie, Grèce, Turquie et dans le sud de l’Ukraine « a entraîné des pertes de rendement irréversibles dans l’agriculture pluviale », signale ainsi le cabinet Inter-Courtage.

En revanche, pour le blé tendre, céréale du pain, le bulletin MARS a revu ses prévisions en hausse, avec un rendement moyen dans l’Union européenne à 6,15 t/ha.

Les belles moissons attendues n’aident pas le cours du blé à remonter.

Mercredi sur Euronext, la tonne de blé meunier restait sous la barre de 195 euros la tonne sur l’échéance la plus rapprochée, en septembre, mais aussi sur la suivante, en décembre.

Les céréales européennes avaient pourtant reçu un peu de soutien avec le repli de l’euro face au dollar ces dernier jours.

Ventes françaises vers l’Afrique du Nord

En août, les exportateurs français ont retrouvé le sourire, concluant des ventes vers l’Afrique du Nord, du Maroc à l’Egypte – à l’exception toujours notable de l’Algérie -, et même vers l’Asie du Sud-Est.

Hors coût du transport, « on est actuellement dans un mouchoir de poche entre les prix des origines françaises et mer Noire », a souligné Gautier Le Molgat. Une situation largement due à la rétention pratiquée par les fermiers russes, qui attendaient d’avoir des estimations plus précises de la récolte avant de vendre leur production.

Cette aubaine pour les grains européens pourrait donc ne pas durer, a prévenu Damien Vercambre d’Inter-Courtage, notant que le cabinet de conseil russe Ikar a de nouveau augmenté ses estimations de récolte en Russie – tablant désormais sur 86 millions de tonnes en 2025 (contre 85,5 Mt lors de sa précédente estimation), du fait des bons rendements dans les régions Centre et Volga – et relevé ses estimations d’exportation (+ 0,5 Mt à 43 Mt).

Aux Etats-Unis aussi, les céréaliers ont profité de cette « petite fenêtre d’opportunité » où la Russie était « en quelque sorte exclue du marché d’exportation » pour enchaîner « cinq bonnes semaines » de ventes à l’exportation de blé américain, a indiqué Rich Nelson.

La situation est plus confuse pour le soja, dont les cours évoluent « en fonction de l’actualité commerciale », selon Michael Zuzolo, de Global Commodity Analytics and Consulting.

Or, estime cet analyste, « il règne une certaine confusion sur le marché depuis que le président Donald Trump a menacé d’imposer à nouveau des droits de douane de 200 % à la Chine, tout en se montrant également optimiste quant à la possibilité de trouver un accord commercial ». Pour l’heure, Pékin boude toujours le soja américain.