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Fabien Vignal, Fermes and Co

Circuits courts: « Le dogme de l’agriculteur, qui doit tout faire, est révolu »


TNC le 25/10/2023 à 15:50
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Puisqu'un tiers s’occupe de la gestion du magasin, les producteurs peuvent se concentrer en premier sur la production, puis la transformation. (© Elizabeth Adobe Stock)

Pourquoi Fermes and Co ? Comment ça marche ? Quels intérêts pour les producteurs en circuits courts ? Fabien Vignal, chargé du développement et de l’animation au niveau national, revient sur ce réseau de magasins de proximité sous enseigne Bienvenue à la ferme, deux ans après sa création.

Il y a deux ans, Bienvenue à la ferme créait Fermes and Co pour « sortir la fleur des exploitations » et l’amener dans des magasins de villages et même de zones urbaines, selon les mots de son président Jean-Marie Lenfant, agriculteur dans l’Eure. « Une offre regroupée de produits fermiers en circuits courts sous un seul et même toit, voilà ce que recherchent les consommateurs » appuie, à la suite d’une conférence sur cette thématique au Space 2023, Fabien Vignal, chargé du développement et de l’animation à l’échelle nationale de ces magasins de proximité sous enseigne Bienvenue à la ferme, « émanation des chambres d’agriculture ».

« Une offre complète et variée, au même endroit »

« Une offre complète et variée » qui plus est, « au cœur des bassins de consommation », complète-t-il. Concrètement, Fermes en Co « accompagne les différentes étapes » de la mise en place opérationnelle (étude de marché, aménagement, produits proposés…) et du développement des points de vente, en cours d’affiliation ou déjà affiliés. L’accompagnement proposé concerne aussi la communication, le marketing, les animations commerciales, etc., via des formations, l’appui du réseau (partage d’informations et d’expériences) et divers services.

Qui peut adhérer à cette démarche, semblable à une franchise ? « Les agriculteurs bien sûr, mais aussi des commerçants, des entrepreneurs de la distribution spécialisée en réseau sous enseigne, des ex-salariés en reconversion professionnelle ayant envie d’entreprendre ou des investisseurs désirant s’orienter vers la commercialisation de produits fermiers locaux en circuits courts », répond Fabien Vignal.

Tous profitent « d’une marque connue, d’un concept identifiable, d’une infrastructure en réseau, de techniques et process testés, du partage de pratiques, d’une assistance permanente, d’une panoplie de services pro », pour un coût d’entrée de 10 000 € HT pour la conversion d’un magasin existant et de 20 000 € pour une création, plus une redevance annuelle de 2,9 % du chiffre d’affaires hors taxe. « Des frais inhérents au monde de la franchise et qui servent à la mise en place de nombreux services et à l’accompagnement à l’entrée dans le réseau », précise Fermes and Co.

« Assurer des débouchés durables rémunérateurs »

Pour les producteurs, les avantages vont au-delà, met en avant le professionnel. En plus de les aider à développer leurs points de vente, ces derniers se professionnalisent, en intégrant des méthodes et de la rigueur. Ils apprennent à « travailler ensemble » et à « mieux mettre en valeur leurs produits ». Surtout Fermes and Co leur « assure des débouchés durables, plus prévisibles et récurrents, en gagnant en visibilité tout en en étant mieux rémunérés, puisqu’il n’y a pas de négociation de prix ».

Derrière, la notoriété de la marque Bienvenue à la ferme, elle-même, en bénéficie. Et les exploitants agricoles peuvent avoir une vision à plus long terme sur leur activité de commercialisation, sur les commandes notamment. Ils sont ainsi « plus sereins » et peuvent « aller davantage au-devant des nouvelles tendances de consommation ». « Cela leur donne plus de souplesse et de perspectives », résume Fabien Vignal.

« Le dogme de l’agriculteur qui fait tout – produire, transformer et vendre – est révolu », fait-il valoir, parce que c’est très chronophage et que ce sont des métiers différents, exigeant chacun des compétences spécifiques. Un tiers s’occupant de la gestion du magasin, les producteurs peuvent se concentrer en premier sur la production, puis la transformation, en disposant de garanties vis-à-vis de cette personne : de type contractuel, de respect d’un cahier des charges (au moins 50 % de produits issus du réseau Bienvenue à la ferme, entre autres), de partage de valeurs.

+ 17 % de chiffre d’affaires

Et au niveau des bénéfices financiers ? Fermes and Co annonce une hausse moyenne de chiffres d’affaires de + 17 %, et + 237 % de couverture sur Facebook. L’entreprise prend en exemple La Ferme de vos envies, en Seine-Maritime, qui a augmenté son chiffre d’affaires de 50 % en un an. « Les premiers résultats sont très bons, malgré le contexte pas très florissant des achats alimentaires », confirme le responsable national du développement et de l’animation.

Maximiser les potentiels de vente.

Il explique que : « Justement l’idée, c’est d’accompagner nos magasins dans leur commercialité et dans leur vie de tous les jours pour qu’ils soient au maximum de leur potentiel de vente. » « Grâce aux prix justes qui rémunèrent les producteurs, et aux marges transparentes, ils arrivent à tirer leur épingle du jeu en permettant aux consommateurs d’avoir les meilleurs prix possibles », insiste-t-il.

« Donner aux circuits courts une autre dimension »

Pour le moment, six magasins sont en activité, à Saint-Martin-en-Campagne (Seine-Maritime), Ménilles (Eure), Lantic (Côtes-d’Armor), Craon (Mayenne) et Clermont-Ferrand (Puy-de-Dôme), regroupant près de 500 producteurs au total (objectif d’une centaine par magasin pour une offre diversifiée de produits), et à Bâlines, de nouveau dans l’Eure, avec l’ouverture le 19 octobre de la Ferme du Louvier. Trois autres sont en projet : à Ambon (Morbihan), Crest (Drôme) et Nîmes (Gard).

Objectif : atteindre une quinzaine d’ici fin 2024, puis augmenter régulièrement le nombre de magasins afin de mailler l’ensemble du territoire. Une première convention des magasins affiliés a eu lieu le 16 octobre. L’occasion « d’un partage d’expériences et de réflexions sur les perspectives de développement du réseau », indique Fermes and Co. Un atelier autour de la stratégie commerciale était notamment organisé.

Cinq magasins Fermes and Co sont en activité, à Saint-Martin-en-Campagne (Seine-Maritime), Ménilles (Eure), Lantic (Côtes-d’Armor), Craon (Mayenne) et Clermont-Ferrand (Puy-de-Dôme, en photo). (© Maxime Henry, Fermes and Co)

Les surfaces restent modérées : 120 à 150 m2, 150 à 250 m2 ou 250 à 350 m2. Les points de ventes peuvent être aménagés dans des fermes faciles d’accès, avec parking, des centre bourgs de 1 000 à 10 000 habitants (zone de chalandise de plus de 1 000 personnes), des villes petites de 10 000 à 25 000 habitants (zone de chalandise de plus de 15 000 personnes), moyennes de 25 000 à 100 000 habitants (zone de chalandise > 100 000 personnes) et grandes de plus de 100 000 habitants (zone de chalandise > 200 000 personnes), aussi bien en centre-ville qu’en périphérie. Fermes and Co espère ainsi faire passer les circuits courts dans une autre dimension face à ses concurrents (GMS, Drive…).