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Organisations professionnelles agricoles

Christine Valentin, présidente d’une chambre d’agriculture ancrée dans le sol


AFP le 24/02/2019 à 12:56

Son exploitation bio dans le Larzac, c'est sa vie. A la tête de la chambre d'agriculture de la Lozère, Christine Valentin qui vient d'entamer un deuxième mandat sous l'étiquette de la FNSEA, le syndicat majoritaire, refuse de devenir une élue « hors sol ».

L’exploitation, où elle travaille avec son mari et deux associés, s’étend sur 370 hectares dont seulement 220 exploitables, sur les causses du Larzac. Une terre rude où ils élèvent des vaches laitières et des brebis. Le tout en bio. Même si les responsabilités l’emmènent souvent loin de ses terres, c’est comme ça qu’elle se présente. Cette exploitation, c’est sa vie, sa fierté. Elle continue à soigner les bêtes quand elle le peut et s’occupe de tout le pan administratif. « Je ne veux pas être une responsable agricole hors sol », dit-elle. « Pour mon équilibre, pour calmer un mal de tête ou mes nerfs, je vais au milieu des vaches», confie cette quinquagénaire aux physique et tempérament imposants.

Née en 1968 dans le Cantal, la jeune femme choisit, après le bac, de faire un BTS agricole en Lozère, département voisin. Pendant plusieurs années, elle est salariée d’une fromagerie, et fait le lien entre son employeur et les producteurs laitiers pour que leur lait réponde au cahier des charges. Alors qu’elle accompagne des agriculteurs dans une foire aux bestiaux, elle rencontre son futur mari. Elle l’épouse en 1991 et l’agriculture avec lui : au 1er janvier 1994, elle « entre en Gaec » (qui permet aux exploitants de s’associer) avec ses beaux-parents. Le salariat « m’a permis de voir beaucoup d’exploitations, de connaître le fonctionnement des organisations agricoles, de savoir quel était le rôle de la Safer (sociétés d’aménagement foncier) et des Chambres d’agriculture, d’apprendre le montage de dossiers financiers », raconte Christine.

Une bonne formation pour ce qui l’attend, car « une fois devenue agricultrice, très vite le syndicalisme m’a trouvée ». Christine attend l’an 2000 pour entrer au conseil d’administration de la FDSEA (fédération départementale du puissant syndicat) de la Lozère, et peu à peu grimpe les échelons jusqu’à devenir en 2013 présidente de la chambre d’agriculture. Un poste qu’elle n’a pas réclamé.

« Rien n’est fait pour soulager les femmes sur l’exploitation »

Christine reconnaît que « mobiliser les femmes est très compliqué ». « Elles ne veulent pas y aller, mais quand elles y vont, elles cherchent à prendre leur part, avec un souci des autres et un grand sens des responsabilités », se réjouit-elle. Rapidement, le président de la chambre nationale (APCA), Guy Vasseur lui demande de rejoindre le bureau national. Depuis, Christine passe un à trois jours à Paris chaque semaine. « J’adore ce que je fais, même si ce n’est pas tous les jours facile. Mais j’ai un mari adorable et très patient qui veut que j’ai des responsabilités », raconte-t-elle. Quant aux enfants, « ils ont souffert de mon absence au début », mais pour cette élection « ils ont voulu que je continue ». Si elle est « une mamie sur rendez-vous », comme le dit sa fille, ses trois enfants sont fiers, croit-elle savoir. « Je ne les ai pas dégoûtés de ce métier…et pas du syndicalisme non plus ».

« Rien n’est fait pour soulager les femmes sur l’exploitation », constate Christine. «Nous avons un bon service de remplacement avec les JA en Lozère. Un salarié ça peut traire et s’occuper des animaux, mais pas un ne fait faire ses devoirs aux enfants, ni n’étend la lessive pendant qu’il prépare le repas ». Cela ne l’a pas empêchée de se lancer avec son mari en 2016 dans l’aventure du passage en bio. « A 50 ans, c’est un bon défi, ça injecte un peu d’adrénaline car c’est une remise en cause de la manière dont on travaille », et poursuit-elle, « il fallait qu’on donne envie de rester aux jeunes ». En tant que présidente de la Chambre d’agriculture, elle est fière de dire que la Lozère a un taux de renouvellement des agriculteurs de près de 1 pour 1, et souligne-t-elle, « il y a des femmes qui viennent faire le métier d’agricultrice, aussi bien le tracteur que les papiers. L’autocensure c’est fini ! »