Origine des produits

Chasse à la « francisation » dans un hypermarché de l’Hérault


AFP le 30/01/2024 à 20:35

Le château sur l'étiquette et le nom français semblent indiquer une provenance française pour la bouteille, sauf qu'il s'agit d'un « vin de l'Union européenne », ont relevé mardi des inspecteurs de la répression des fraudes chargés de débusquer les produits « francisés » dans un hypermarché de l'Hérault.

En vertu des règles du Marché unique européen, rien n’interdit à un commerçant français de vendre du vin, de la viande ou des fruits et légumes en provenance d’Italie ou d’Espagne, souvent moins chers.

A condition, toutefois, que les consommateurs ne soient pas induits en erreur sur l’origine par une présentation trompeuse, ce que l’on nomme la « francisation » des produits étrangers.

Le gouvernement a promis un « doublement » des contrôles dans la grande distribution et chez les industriels, pour tenter de répondre à l’un des griefs des agriculteurs en colère.

Mardi après-midi, dans un hypermarché proche de Montpellier, deux inspecteurs de la répression des fraudes, accompagnés par le préfet de l’Hérault, François-Xavier Lauch, et une dizaine de journalistes invités pour l’occasion, se dirigent en priorité vers le rayon vin, particulièrement sensible en Occitanie, première région viticole de France.

Parmi les vins de table, une bouteille de rouge, en plastique, affichée à moins de deux euros, attire leur attention.

La réglementation prévoit que toutes les informations essentielles doivent être sur le même champ visuel. Or, ici, l’étiquette sur le devant mentionne une mise en bouteille en France, avec l’image d’un domaine viticole, tandis que la provenance de ce vin de l’Union européenne n’est mentionnée que sur l’étiquette visible à l’arrière de la bouteille.

« Il y a tromperie », estime le préfet, en précisant que les enquêteurs remonteront la filière jusqu’au négociant et au metteur en marché. « Mais au-delà du prix, est-ce que la qualité est la même ? C’est ça aussi le sujet », ajoute M. Lauch.

« On est complètement transparent sur l’origine de nos produits », assure la directrice de la grande surface, Ewa Mendra. « Fruits et légumes, poissons, on est très riche dans la région, nos agriculteurs sont nos partenaires », ajoute-t-elle.

« Le consommateur doit payer un petit peu plus cher, mais on l’explique bien sur nos affichages et ils le comprennent. D’ailleurs, ils préfèrent acheter français », poursuit-elle.

Au rayon boucherie, Luce Bonnet, 92 ans, n’a pourtant pas fait immédiatement la distinction entre le poulet élevé en France, portant un macaron bleu-blanc-rouge, et celui venu de Belgique, qui en est dépourvu. « Je suis très attachée à acheter français, mais je n’ai pas vu l’étiquette, elle est peut-être un peu petite », dit-elle.

Quatre autres inspections sont prévues cette semaine dans le département de l’Hérault.