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Conflit entre la Russie et l'Ukraine

Bruxelles pourrait prolonger les restrictions d’import de céréales ukrainiennes


AFP le 31/05/2023 à 09:46
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 12 États de l'UE, dont la France et l'Allemagne, sont inquiets de ce « traitement différencié au sein du marché intérieur ». (©Adobe Stock)

Le commissaire européen à l'agriculture, Janusz Wojciechowski, a jugé mardi nécessaire de prolonger « au moins » jusqu'à fin octobre les restrictions imposées par cinq Etats de l'UE sur l'importation de céréales ukrainiennes, en dépit de l'opposition de Kiev et des résistances d'une partie des Vingt-Sept.

Alors que la levée des droits de douane en mai 2022 a fait bondir l’afflux de produits agricoles ukrainiens dans l’UE, plusieurs pays riverains (Pologne, Hongrie, Slovaquie, Bulgarie) ont unilatéralement interdit mi-avril l’importation de céréales d’Ukraine face à la saturation des silos sur leur territoire et à l’effondrement des prix locaux.

Gardienne de la politique commerciale de l’UE, la Commission européenne avait conclu fin avril avec ces quatre États et la Roumanie un accord prévoyant jusqu’au 5 juin des « mesures de sauvegarde » pour leur permettre de bloquer sur leur sol la commercialisation de blé, maïs, colza et tournesol ukrainiens, à condition qu’ils n’empêchent pas leur transit vers d’autres pays.

« Il est nécessaire de prolonger (ces restrictions) au minimum jusqu’à fin octobre, et idéalement jusqu’à la fin de l’année, après les récoltes, sans quoi nous aurons un énorme problème », a indiqué Janusz Wojciechowski à l’issue d’une réunion des ministres de l’Agriculture de l’UE. Il a cependant précisé que la Commission n’avait pas arrêté sa position.

« Le problème est qu’il y a désormais davantage de céréales dans les réserves des états riverains qu’en Ukraine. Nous devons prolonger les restrictions temporaires d’importation de céréales ukrainiennes pour améliorer la situation », a-t-il ajouté, appelant à muscler les moyens logistiques pour désengorger les stocks de céréales.

Des restrictions contestées

Ces restrictions ont été dénoncées par le ministre ukrainien de l’agriculture Mykola Solsky, présent à Bruxelles mardi : « Nous pensons que leur prolongation n’est pas la bonne marche à suivre, nous nous y opposons », a-t-il indiqué, estimant que cela ferait le jeu de Moscou. Le président ukrainien Volodymyr Zelensky avait déjà fustigé des « mesures protectionnistes sévères, voire cruelles ».

Les restrictions sont également contestées par 12 États de l’UE, dont la France et l’Allemagne, qui avaient exprimé mi-mai leurs « sérieuses inquiétudes » sur ce « traitement différencié au sein du marché intérieur » et réclamé « des discussions supplémentaires » sur l’aide de 100 millions d’euros proposée par Bruxelles pour les agriculteurs des cinq pays affectés.

« J’espère avoir convaincu les États membres que (cette aide) est juste, que les critères choisis sont équitables, j’espère qu’il n’y a plus d’obstacles au vote de cette aide, et qu’elle sera transférée aussi vite que possible aux agriculteurs », a assuré Janusz Wojciechowski.

Face aux difficultés des pays riverains de l’Ukraine, « il faut des réponse collectives et pas individuelles, sinon on ouvre la porte à quelque chose de mauvais pour l’esprit de la construction européenne », a cependant prévenu mardi le ministre français Marc Fesneau.