Bien-être animal : « il faut montrer ce qui se fait de bien dans les fermes »


TNC le 02/10/2025 à 11:46
Vachebrosse

La filière songe à rendre obligatoire l'audit bien-être pour les établissements d'abattage. (© TNC)

En 2020, le Cniel et Interbev ont mis en place des audits BoviWell pour faire état des conditions de bien-être dans les fermes françaises. Petit à petit, les interprofessions étendent la démarche à toute la filière, d’autant que les résultats aident à montrer les bonnes pratiques d’éleveurs à Bruxelles comme au consommateur.

À l’occasion du Space de Rennes, le Cniel et Interbev sont revenus sur l’engagement des filières laitières et allaitantes pour le bien-être animal. Avec le déploiement en 2020 de l’audit BoviWell, les interprofessions se sont dotées d’un outil de mesure du bien-être animal sur les fermes. L’objectif : montrer la bonne foi des éleveurs français, alors qu’à Bruxelles se projette une nouvelle réglementation bien-être animal.

À date, 5 704 exploitations ont été soumises à l’audit « bovinviande ». Résultat : 54 % des exploitations sont en classe « excellent », et 43 % en « supérieur ». Des résultats qui ne surprennent pas Emmanuel Bernard, président de la section bovine d’Interbev et éleveur de Charolais dans la Nièvre. « Un animal bien élevé, c’est un animal qui produit mieux et qui rapporte », tranche l’éleveur. De l’éthique à l’économique : tout converge pour offrir aux bovins les meilleures conditions possibles.

Côté laitier, parmi les 34 271 élevages testés, des marges de progression existent. 55 % des élevages sont considérés comme « excellents » et 27 % offrent un niveau de bien-être « supérieur ». Reste ensuite 17 % des structures, en « progression » : une manière pour la filière d’accompagner les éleveurs vers davantage de bien-être. Enfin 1 % n’est pas classé. « Les résultats montent que le bien-être animal est dans l’ADN des éleveurs », commente Marie-Andrée Luherne, présidente déléguée du Cniel.

Faire savoir ce qui se passe dans les fermes.

Pour l’élue, également éleveuse laitière en Bretagne, l’audit est aussi un moyen de prendre du recul sur ses pratiques. « Nous avons fait l’audit sur la ferme, et nous nous sommes rendu compte qu’on pouvait faire mieux autour de l’ébourgeonnage des jeunes veaux. Alors on a testé. Nous sommes allés jusqu’à l’anesthésie, et nous avons gagné en confort. »

D’autant que cette démarche donne des cartes en main aux interprofessions pour défendre les éleveurs à Bruxelles. « La Commission européenne nous a présenté un projet de texte sur le transport des animaux d’élevage qui est hors sol. Mais en disant cela, on ne convainc personne. Les éleveurs font déjà beaucoup de choses, parfois contraignantes pour le bien-être de leurs animaux. Tout l’enjeu est de le faire savoir », tranche Emmanuel Bernard.

Un diagnostic pour les abattoirs et centres d’allotement

Les diagnostics ne se limitent pas aux exploitations. La filière ambitionne d’auditer l’intégralité des opérateurs intervenant à un moment de la vie de l’animal. Un audit a ainsi été mis au point pour l’analyse du bien-être pendant le transport et l’allotement des animaux. « 15 % des centres de rassemblement ont été audités, et peuvent ensuite bénéficier du label QualiNégoce, porté par la FFCB », détaille Céline Takarzick, chargée de projet bien-être animal pour Interbev.

Un diagnostic a également été créé pour les abattoirs. Au programme : analyse de l’environnement, des locaux et équipements, fonctionnement, sensibilisation… Notées de A + à D, l’étude vise à identifier les marges de progression pour les structures. « En 2024, 81 % des veaux, et 75 % des gros bovins étaient abattus dans un abattoir ayant réalisé un diagnostic », poursuit Céline Takarzick. À tel point que l’Interprofession songe à faire de ce diagnostic une obligation par le biais des accords interprofessionnels.