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Au Sommet de l’élevage, la nouvelle ministre attendue au tournant


AFP le 29/09/2024 à 12:15
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Alors que le Sommet de l'élevage s'ouvre mardi, les éleveurs attendent des réponses d'Annie Genevard sur plusieurs dossiers brûlants. (© European People's Party, Creative Commons - CC BY 2.0)

Le Sommet de l'élevage ouvre ses portes mardi près de Clermont-Ferrand, dans un contexte de tension agricole alimentée par plusieurs dossiers brûlants auxquels la nouvelle ministre de l'Agriculture est sommée d'apporter des réponses.

Le Sommet de l’élevage, l’un des plus grands rendez-vous européens dédiés aux professionnels, accueillera à Cournon-d’Auvergne jusqu’à vendredi plus de 1 700 exposants et prévoit de franchir la barre des 120 000 visiteurs.

Ce sera l’occasion pour la nouvelle ministre de l’agriculture, Annie Genevard, de se confronter à des éleveurs – producteurs de viande bovine ou de lait de montagne – remontés face aux difficultés du secteur.

Le 22 septembre, Arnaud Rousseau, président du premier syndicat agricole, la FNSEA, lui avait donné 15 jours pour annoncer des mesures rapides sur des prêts bonifiés aux céréaliers, viticulteurs et éleveurs en crise et sur la vaccination des troupeaux.

Les éleveurs font face à une résurgence de maladies qui affectent leurs cheptels comme la MHE (maladie hémorragique épizootique) chez les bovins ou la FCO (Fièvre catarrhale ovine) chez les ovins.

Le Sommet, qui accueille habituellement 2 000 animaux, sera réduit cette année à 1 600 bêtes, encadrées par un protocole sanitaire strict avec désinsectisation et prises de sang en amont, a détaillé lors d’une conférence de presse Fabrice Berthon, commissaire général du Sommet.

« Du « Doubs » au dur »

Chez les ovins, les pertes directes par exploitation « atteignent 20 %, jusqu’à 70 % parfois », selon les élevages, déplore Michèle Baudoin, présidente de la FNO (Fédération nationale ovine).

« Nous attendons de premières annonces au Sommet de l’élevage : il y a urgence », a déclaré à l’AFP Arnaud Rousseau à l’issue d’une première prise de contact avec Mme Genevard jeudi soir.

La ministre « a bien entendu notre message (sur l’attente d’annonces dans les 15 jours) (…) Elle est consciente qu’elle passe du « Doubs » au dur si je puis dire. Elle était parlementaire d’une zone rurale dans le Doubs, elle connaît ses sujets », a-t-il ajouté.

« Il y a des mesures d’urgence, et ensuite des mesures plus structurantes (…) On veut bien faire preuve de patience mais le chrono est enclenché, il faudra que les engagements pris au printemps se concrétisent », estime quant à lui David Chauve, secrétaire général de la FRSEA (Fédération régionale Auvergne-Rhône-Alpes).

La nouvelle ministre est, en effet, attendue sur la loi d’orientation agricole qui devait mettre en oeuvre les revendications exprimées lors des manifestations du début d’année, mais a été stoppée par la dissolution de l’Assemblée nationale.

Autre motif de mécontentement : l’annonce du géant laitier Lactalis d’acheter moins de lait aux éleveurs français a ranimé la colère du monde agricole.

Pour Lactalis, la baisse des volumes est la contrepartie d’un meilleur prix pour chaque tonne de lait. La FNSEA n’a pas hésité à parler de « déflagration pour le milieu laitier ».

« Cette diminution de la collecte sert pour Lactalis à éliminer des producteurs et à faire pression sur celles et ceux qui restent », selon la Confédération paysanne, classée à gauche.

Kazakhstan et Salers

Chez les éleveurs produisant de la viande, le contexte est tout aussi morose.

Dans un rapport présenté cette semaine, la Fondation pour la nature et l’homme (FNH), ex-fondation Nicolas Hulot, alerte sur la situation « catastrophique » d’une filière « perfusée aux aides publiques ».

Elle préconise un vaste plan de restructuration, passant par le soutien au maillage des abattoirs, une modification du système d’engraissement, l’utilisation de races mixtes, etc.

La fondation préconise aussi de limiter les importations, favoriser les circuits courts et les labels (bio, label rouge) auprès des consommateurs.

Dans ce contexte de crise, le Sommet se veut le rendez-vous de « l’élevage durable », a déclaré lors d’une conférence de presse Bruno Dufayet, éleveur cantalien chargé du sujet pour le Sommet.

Différentes conférences seront dédiées à ces enjeux tout au long des quatre jours, avec un stand consacré cette année au pastoralisme.

Le Kazakhstan, pays connu pour sa tradition d’élevage nomade, est l’invité de cette 33e édition.

La Salers, dont le berceau est situé dans le Cantal voisin, et qui compte 210 000 animaux en France, est la race bovine mise à l’honneur.

Et à côté des traditionnels concours, le Sommet sera aussi consacré aux innovations et à l’utilisation de l’intelligence artificielle.