Accéder au contenu principal
Antibiotiques

Amende requise contre des éleveurs pour des achats frauduleux en Espagne


AFP le 30/11/2022 à 10:19

Une peine de 5 000 euros d'amende avec sursis a été requise, mardi, contre quatre agriculteurs du Pays basque poursuivis pour s'être procuré illégalement des antibiotiques auprès d'un vétérinaire en Espagne et les avoir administrés eux-mêmes à leurs bêtes.

Jugés par le tribunal de Bayonne, les éleveurs de brebis et de vaches avaient pris pour habitude de se fournir en médicaments dans le pays voisin, grâce à des ordonnances délivrées à la demande par le praticien. Des substances vendues « 4 à 10 fois moins cher » en Espagne mais qui, pour certaines, sont soumises à un décret français qui réglemente leur usage depuis 2016. « Il n’y a aucune concurrence et on se fait spolier gentiment », a déclaré l’un des prévenus, sous les applaudissements de plusieurs dizaines d’agriculteurs venus les soutenir dans la salle d’audience.

« Nous avons le sentiment d’un procès qui touche plus largement à notre politique agricole, si sujette à discussions et à antagonismes profonds », a introduit le parquet de Bayonne, estimant que le problème de fond était celui de « l’antibiorésistance » – capacité d’une bactérie à résister aux effets des antibiotiques – à l’origine d’un durcissement drastique des règles. Il a requis 5.000 euros d’amende avec sursis à l’encontre de chacun des prévenus.

Les produits antibiotiques classés comme « critiques » en France, mais pas en Espagne, ne peuvent être achetés qu’après examen d’un vétérinaire et doivent être administrés par le professionnel pour éviter toute « automédication ». Des règles qui ignorent « les réalités du terrain », pour les éleveurs, qui décrivent des « pratiques courantes ». « On connaît nos bêtes, on ne va pas appeler le vétérinaire en pleine nuit un samedi quand on reconnaît les symptômes », a avancé l’un d’eux. « Il n’y avait aucune intention de frauder », ont-ils répété à la barre.

Leur avocat, Me Antoine Tugas, a plaidé la relaxe et la complexité d’un « maquis juridique », dans lequel il est « bien difficile, voire impossible de faire le tri ». L’enquête, déclenchée en Espagne sur des suspicions quant aux « ordonnances à l’aveugle » délivrées par un vétérinaire espagnol, avait été confiée aux gendarmes de l’Office central de lutte contre les atteintes à l’environnement et à la section de recherches de Pau. Le tribunal rendra son jugement le 24 janvier pour cette affaire d’achats frauduleux d’antibiotiques par des éleveurs en Espagne.