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OCDE

Aide d’urgence et transition climatique doivent doit aller de pair


AFP le 23/06/2022 à 12:14

Les mesures d'urgence prises par les États pour soutenir leurs systèmes agricoles, heurtés de plein fouet par l'épidémie de Covid-19 et par la guerre en Ukraine, doivent aller de pair avec la lutte contre le dérèglement climatique, estime l'OCDE.

« En plus des réponses immédiates aux crises mondiales actuelles, les politiques agricoles doivent apporter des solutions aux défis du moment et favoriser des réformes au long cours pour lutter contre le changement climatique », préconise l’Organisation de coopération et de développement économiques, dans un rapport publié jeudi.

À l’origine de 22 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre, le secteur agricole doit réduire son empreinte tout en s’adaptant au changement climatique, plaide-t-elle, rappelant que l’assouplissement des normes environnementales pour augmenter la production se fait souvent « au détriment de la durabilité ».

L’OCDE met aussi en garde contre une aide publique qui fausse les règles du marché et contribue à l’augmentation des émissions sans bénéficier aux paysans.

Dans son volumineux rapport sur les politiques agricoles de 2019 à 2021, l’organisation se penche sur la manière dont 54 États – ses membres, ceux de l’UE et 11 économies « émergentes » (Chine, Inde, Brésil…) – dépensent leur argent dans ce secteur. Sur cette période, quelque 817 milliards de dollars annuels ont été consacrés au secteur agricole, une aide record en hausse de 13 % comparé à 2018-2020. Cette augmentation est due en partie à des politiques temporaires, « en soutien aux consommateurs et aux producteurs pendant la pandémie de Covid-19 ».

« Le soutien public à l’agriculture a atteint des niveaux record, mais la part destinée à stimuler une croissance durable de la productivité a diminué. Ce n’est pas un bon signal », regrette dans un communiqué Marion Jansen, directrice des échanges et de l’agriculture de l’OCDE.

500 milliards de dollars ont été apportés au secteur agricole via des aides publiques, le reste ayant été injecté au travers de politiques de soutien des prix (droits de douane, subvention à l’exportation).

Près d’un tiers des dépenses totales ont été réalisées par la Chine (285 milliards de dollars). Pékin a fortement soutenu le prix du porc en achetant des volumes de viande conséquents pour alimenter ses réserves nationales, afin d’aider les éleveurs à reconstituer le cheptel décimé par la peste porcine africaine.

Quatre mois après l’invasion de l’Ukraine, l’organisation estime que si « la disponibilité globale (des denrées ou des engrais) reste suffisante à ce stade, la hausse des prix de ces produits fait naître de nouveaux défis » et appelle à la vigilance pour les pays les plus pauvres.

A l’image de l’Indonésie pour son huile de palme ou de l’Inde pour son blé, l’organisation met en garde contre les restrictions à l’exportation qui s’avèrent « contre-productives », et « amplifient les tensions mondiales sur les prix et sur l’offre ».

Elle déplore une nouvelle fois la faiblesse des investissements en faveur de l’innovation – 26 milliards de dollars, soit « 0,7 % de la valeur de la production agricole » -, malgré l’urgence de transformer les industries et systèmes alimentaires.