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Mickael Tremel, chambre d'agriculture

Agritourisme : ce qu’il faut savoir avant de monter un projet


TNC le 17/11/2020 à 06:17
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Quels sont les motivations, les atouts et contraintes à avoir en tête, si on veut créer une activité d'agritourisme ? Les conseils de Mickael Tremel, conseiller "circuits courts et agritourisme" à la chambre d'agriculture de Bretagne.

Pourquoi se lancer dans cette diversification ?

Plusieurs motivations, qui souvent se combinent même si l’une d’elles domine.

  • Financière → Apporter un revenu complémentaire à l’exploitation
  • Touristique → Préserver et valoriser le patrimoine bâti 
  • Sociale → Avoir des contacts avec l’extérieur
  • Pédagogique → Communiquer sur le métier d’agriculteur/agricultrice (expliquer, partager et faire participer aux tâches agricoles) pour qu’il soit mieux connu et compris et ainsi lutter contre l’agribashing

« Ceci sans sortir de la ferme, les agriculteurs effectuant en parallèle les travaux habituels », précise Mickael Tremel, conseiller à la chambre d’agriculture de Bretagne.

Les points de vigilance

  • La législation assez stricte en matière d’urbanisme

Mickael Tremel cite comme exemple « la création d’un camping à la ferme, qui n’est pas possible partout ».

  • La charge de travail importante 

« Mieux vaut l’anticiper, insiste-t-il, car elle aura des répercussions sur la vie de couple et de famille. C’est une deuxième profession pour les exploitants agricoles, qui s’avère prenante et comporte ses spécificités. Il faut prendre le temps d’échanger et de montrer les pratiques agricoles aux touristes, mais il y aussi l’intendance autour la préparation des hébergements et éventuellement des repas, de l’accueil, du ménage ainsi que toute la partie administrative. Il faut également que son/sa conjoint(e) et ses enfants acceptent d’ouvrir l’exploitation et parfois la maison à des inconnus. »

  • L’investissement financier qui peut vite être lourd

« Il doit être en adéquation avec ce que peut rapporter l’activité », met en garde le conseiller.

  • Le goût pour les relations humaines et l’aptitude à communiquer

« Il faut vraiment aimer et avoir le sens du contact. Quant aux techniques de communication pour parler de l’agriculture et du métier d’agriculteur(.rice) au grand public, ça s’apprend et il existe des formations pour cela. »

Un secteur en plein développement mais avec la covid-19…

« On observe une forte croissance de l’agritourisme depuis 4-5 ans car les consommateurs veulent comprendre comment est produite leur alimentation et renouer les liens avec les producteurs, analyse Mickael Tremel. Surtout le type de projet évolue. Aujourd’hui, ils sont complètement intégrés à la ferme, à la manière de travailler des exploitants et à leur vision du métier alors qu’avant, il s’agissait d’un atelier annexe, impactant peu les résultats économiques, avec pour objectif principal la rénovation et la valorisation du corps de ferme. »

Toutefois, la pandémie de Covid-19 est venue bouleverser la tendance comme dans de nombreux autres secteurs de l’économie. D’avril à juin, du fait du confinement et de la peur de la contamination, la saison touristique est restée au point mort avant même d’avoir commencé, pour l’ensemble des activités à la ferme comme pour le tourisme en général. Heureusement, derrière, « l’été s’est révélé exceptionnel », témoigne le conseiller.

Les gens ont en effet cherché à fuir les zones très fréquentées et ont privilégié la campagne. « Leur attrait pour les circuits courts et le monde agricole, qui s’est développé lors du premier confinement, s’est poursuivi au cours de la période estivale », a constaté Mickael qui se demande s’il perdurera. « La Bretagne a en outre été la deuxième région la plus visitée, poursuit-il ajoutant que « le mois de juillet a démarré assez tardivement avec beaucoup de départs de dernière minute. »

Une embellie qui n’a cependant pas rattrapé le retard pris au printemps et a malheureusement été de courte durée avec la reprise de l’épidémie dès début septembre, où déjà une chute de 40 % des réservations était à noter sur l’automne. « La réalité est très différente selon l’activité agritouristique, cette amélioration n’ayant pas bénéficié aux fermes pédagogiques qui, elles, n’ont pas pu accueillir à nouveau de groupes ou de scolaires. Elles auront besoin d’être soutenues sinon beaucoup risquent de disparaître », conclut le conseiller.

En résumé, les facteurs clés de réussite

  • Bien étudier le projet (marché, attractivité de la région…)
  • Définir précisément les prestations proposées et la façon de les « vendre » (ne pas négliger l’aspect commercialisation)
  • Savoir coller aux attentes des clients
  • Se faire accompagner, notamment par le réseau Bienvenue à la ferme.

« Les conseillers et les agriculteurs adhérents sont là pour ça », rappelle Mickael Tremel. Avant de sauter le pas, rien de tel en effet que de discuter avec des spécialistes et des producteurs qui se sont déjà diversifiés dans l’agritourisme et ont un peu de recul.