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[Présidentielle] Primaire LR

À droite, l’agriculture ne fait pas débat


TNC le 01/12/2021 à 16:04
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Le premier tour de la primaire Les Republicains se deroule jusqu'au 2 decembre a 14h. (©TNC)

Si l’agriculture fait partie des thèmes de prédilection de la droite, les candidats à la primaire des Républicains ont préféré mettre en avant leurs différences sur des sujets plus clivants comme la sécurité ou l’immigration. Si l’on trouve quelques mesures - assez similaires - dans les propositions des candidats, le véritable programme agricole viendra après la désignation, dont les résultats seront connus le 4 décembre.

Les candidats Les Républicains sont traditionnellement attachés à l’agriculture française, mais l’on peut supposer qu’ils se différencient trop peu sur ce terrain pour placer les mesures agricoles sur le devant de la scène. Ainsi, les quatre débats qui ont opposé Xavier Bertrand, Valérie Pécresse, Michel Barnier, Eric Ciotti et Philippe Juvin ont surtout permis d’évoquer d’autres thèmes comme l’immigration, la sécurité, ou encore l’éducation. Néanmoins, les sites de campagne et les prises de parole des candidats permettent de recenser une partie de leur vision et de leurs propositions pour l’agriculture.

Pour Michel Barnier, « l’urgence d’un renouveau »

Ministre de l’agriculture de 2007 à 2009, Michel Barnier a également été ministre de l’Environnement, des Affaires européennes, et des Affaires étrangères, avant d’être commissaire européen (à la Politique régionale puis aux Services financiers) et négociateur en chef pour l’Union européenne chargé de mener les négociations liées au Brexit, en 2016.

Dans un texte publié sur son site le 27 novembre, « Agriculture, l’urgence d’un renouveau », le candidat déplore la perte de puissance continue de la France agricole depuis quinze ans et pointe les coupables : « une application idéologique et absurde des normes de production « bio », et « un manque de compétitivité grandissant [qui] déroulent, désormais, le tapis rouge aux importations ». D’où sa volonté d’imposer une taxe carbone aux frontières.

Il dénonce également la surenchère des politiques au pouvoir dans les effets d’annonce, notamment pour sortir des produits phytosanitaires, avec pour conséquence « des normes, des charges et des contrôles, mais également par une instabilité et une surenchère réglementaire ». D’une façon générale, Michel Barnier entend « alléger toutes les charges qui plombent le travail, qui plombent les entreprises, l’artisanat, l’agriculture, l’industrie et les jeunes ».

Pour redonner à la France une agriculture forte, il compte relever « le défi des prix plus rémunérateurs pour nos agriculteurs », à travers, entre autres, « des revenus complémentaires, à l’image des agriculteurs allemands dans les énergies renouvelables, la biomasse » qui rendront la transition écologique possible pour le secteur.

Valérie Pécresse : se protéger contre le dumping social et environnemental

La présidente de la Région Ile-de-France est assez active dans ses terres sur le sujet agricole (développement du bio, soutien au renouvellement des générations, promotion de l’alimentation locale…), et elle s’est rendue plusieurs fois à la rencontre d’agriculteurs au cours de sa campagne pour afficher son soutien au secteur et à la ruralité.

Son site de campagne ne développe pas, en revanche, de programme agricole, mais on peut y lire plusieurs propositions concernant le secteur, comme la promesse qu’aucune pension de retraite ne sera inférieure au Smic pour une personne ayant cotisé toute sa vie, la création d’une taxe carbone aux frontières de l’UE pour « se protéger contre le dumping social et environnemental »

Elle propose aussi, dans la même veine, d’instaurer « une préférence européenne en généralisant les clauses de contenu carbone dans tous les contrats publics et privés pour favoriser nos circuits courts agricoles comme industriels ».

Xavier Bertrand : « pas une surtransposition de plus »

Connaisseur de l’agriculture, le président des Hauts-de-France, Xavier Bertrand, est lui aussi très actif dans sa grande région agricole, pour défendre les intérêts des agriculteurs, interpellant le ministre de l’agriculture par écrit à plusieurs reprises. En campagne, il s’est aussi rendu à plusieurs évènements agricoles, comme le Sommet de l’Élevage.

Il y a notamment évoqué sa volonté de soutenir le revenu des agriculteurs, se montrant sceptique sur la loi Egalim 2, et sa intention de ne jamais surtransposer, en France, une norme du règlement européen. Le président des Hauts-de-France s’engage également à batailler pour sortir l’agriculture des traités internationaux.

Xavier Bertrand s’engage aussi à lutter contre l’agribashing, comme il l’a rappelé lors du dernier débat entre les candidats, le 30 novembre.

Sur son site de campagne, Nous France, il défend par ailleurs une « République des territoires », où la plupart des sujets non régaliens seraient gérés essentiellement par les territoires.

Pour Éric Ciotti, « pas d’interdiction sans solution »

Dans les dernières pages du programme d’Éric Ciotti, qui se concentre davantage sur les problématiques liées à la défense, à la sécurité, l’immigration ou la justice, plusieurs mesures sont détaillées pour l’agriculture, « secteur stratégique ».

Ainsi, le député des Alpes-Maritimes compte instaurer le principe : « pas d’interdiction sans solution » pour ne pas laisser les agriculteurs dans des impasses techniques ; « garantir qu’aucune norme nationale ne puisse être plus contraignante qu’une norme européenne et demander un moratoire sur les normes européennes » ; « interdire l’importation en Europe de produits ne respectant pas les normes de production européenne et exclure les produits agricoles sensibles de la négociation d’un accord bilatéral ».

Éric Ciotti souhaite également soutenir la vente directe via un crédit d’impôt et des prêts spécifiques. Il veut également refuser les accords de libre-échange « contraires à nos intérêts » (comme le Ceta ou le Mercosur).

Philippe Juvin défend la souveraineté alimentaire

Moins connu que les autres candidats à l’investiture, Philippe Juvin est maire de la Garenne-Colombes (92) et a été député européen de 2009 à 2019. Il est également chef de service des urgences de l’hôpital européen Georges-Pompidou. Un parcours qui ne présage pas forcément d’une bonne connaissance du milieu agricole pour l’autoproclamé « candidat des services publics » et « des solutions sérieuses ». Néanmoins, l’agriculture, et la souveraineté alimentaire figurent en bonne position dans son projet.

On y trouve ainsi de nombreuses propositions : baisse du coût du travail agricole par la baisse des charges patronales, lancement d’un « vaste chantier de révision et de simplification des normes » pour annuler toutes les surtranspositions, soutien aux circuits courts « par l’instauration d’une préférence nationale dans le code des marchés publics dans la restauration collective des établissements scolaires, des administrations et des hôpitaux », interdiction d’importer des produits qui ne respectent pas nos normes….

Il souhaite également « encourager le développement de filières bio à prix abordable », « augmenter la qualité de notre alimentation tout en restant accessible », ce qui passe par la recherche et l’innovation.

Philippe Juvin compte aussi agir sur les faibles revenus agricoles « en rééquilibrant la relation avec la grande distribution et les centrales d’achat et en sanctionnant les pratiques abusives ». Améliorer le stockage de l’eau et stopper la perte de terres agricoles font également partie des mesures qu’il propose. Au niveau européen, il entend maintenir le budget de la Pac, et « exiger la renégociation du plan « Farm to Fork » européen, déclinaison agricole du pacte vert européen et qui conduit à un effondrement de notre production et à l’augmentation des importations, sans gain significatif global sur les émissions à effet de serre ».

Le vote pour le premier tour de la primaire Les Républicains se déroule du 1er décembre 2 décembre 2021 (14 heures), le second tour suit dès le 3 décembre 2021 (8 heures) jusqu’au 4 décembre à 14 heures. Les résultats seront connus quelques heures après la clôture des votes.