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À Denée, opposition des modèles, favoritisme syndical ou méfiance usuelle envers la Safer ?


TNC le 09/10/2024 à 11:33
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(© © TNC)

Le groupe Safer a tenu à clarifier hier les éléments qui ont conduit à privilégier l’un des deux projets de reprise d’une ferme de 170 ha dans le Maine-et-Loire, après une forte mobilisation de la Confédération paysanne qui dénonce un conflit d’intérêts et le refus d’installer de jeunes agriculteurs en bio.

Le 3 octobre dernier, plus de 400 militants de la Confédération paysanne se sont installés au sein des locaux de la chambre d’agriculture du Maine-et-Loire, à Angers, siège également de la Safer, pour dénoncer la décision prise par cette dernière dans l’attribution des terres de la ferme des Joncs, 170 hectares à reprendre sur la commune de Denée.

Le syndicat venait dénoncer l’éviction d’un projet porté par quatre jeunes agriculteurs, dont trois en voie de finaliser leur parcours à l’installation, pour créer un élevage de 60 vaches allaitantes en bio, avec céréales et maraîchage, en vente directe et fabrication de pain. La société civile agricole créée pour l’occasion a permis de récolter 685 000 €, avec 270 personnes qui y ont pris part.

L’autre projet rassemblait des agriculteurs déjà installés dans la région, avec l’objectif de consolider leurs exploitations et de les agrandir « de manière mesurée », souligne la Safer.

L’examen des candidatures en comité technique départemental, le 12 juillet, n’avait pas permis de trancher entre ces deux projets, laissant la décision au conseil d’administration, qui a choisi le deuxième le 24 septembre.

Une « restructuration foncière nécessaire »

Du côté de la Safer, ce choix est pleinement justifié par la nécessité d’effectuer une restructuration foncière : « dans ce secteur où le foncier est morcelé, il est crucial de consolider durablement les exploitations familiales, notamment dans le cadre d’activités d’élevage. Ce projet favorise la restructuration foncière et la pérennisation des échanges de culture en place depuis longtemps ». Elle met également en avant, à travers ce choix, la possibilité d’installer immédiatement des jeunes agriculteurs : « le projet permet l’installation de trois jeunes agricultrices, contribuant ainsi à la relève générationnelle, un enjeu clé pour l’avenir de l’agriculture locale ».

Du favoritisme syndical ?

Ces arguments sont cependant remis en doute par la Confédération paysanne et les porteurs de l’autre projet, qui ont rappelé dans une lettre ouverte la viabilité économique de ces installations et la cohérence de leur parcours.

Sans explication valable, ils considèrent surtout que la Safer, qui compte plusieurs affiliés à la FNSEA dans son conseil d’administration, aurait favorisé le premier projet notamment car l’un des agriculteurs concernés est le trésorier de la FDSEA de Maine-et-Loire.

Un « respect strict des règles »

La Safer rejette ces accusations, rappelant que « la procédure de sélection s’est déroulée dans le strict respect des règles et lois, incluant la consultation et le vote des instances compétentes, conformément aux dispositions légales ». « La Safer réaffirme sa position de neutralité et son engagement en faveur d’un développement agricole pérenne et équilibré et sa mobilisation pour relever le défi démographique auquel notre agriculture est confrontée.

Un recours ayant été déposé, la décision finale « appartient désormais aux autorités de tutelle, qui disposent d’un délai d’un mois pour valider ou rejeter cette attribution si elle ne respectait pas les règles en vigueur ».