À Betteravenir, Marc Fesneau confirme le prolongement du PNRI pour trois ans
TNC le 26/10/2023 à 11:15
En inaugurant le salon Betteravenir mercredi 25 octobre, le ministre de l’agriculture a confirmé le prolongement du PNRI (programme national de recherche et innovation) pour trois ans. En attendant de pouvoir utiliser des alternatives durables aux néonicotinoïdes, les producteurs ont toujours cette « grande peur d’une jaunisse aussi impactante qu’en 2020 ».
Avec les nombreuses pluies de cette fin octobre, qui ont par ailleurs stoppé les arrachages de betteraves dans le Nord de la France, ce sont des allées très boueuses que le ministre de l’agriculture a arpentées pour inaugurer Betteravenir 2023, installé mercredi 25 et jeudi 26 octobre à Berny-en-Santerre dans la Somme.
Durant deux heures de visite, tous les professionnels qu’il a pu rencontrer n’ont eu qu’un seul sujet à aborder, mais ô combien important : le spectre de la jaunisse de la betterave et les avancées du PNRI. Pour y répondre et satisfaire les betteraviers, Marc Fesneau a confirmé un prolongement du Programme national de recherche et Innovation pour trois ans, la première phase s’achevant fin 2023.
Lancé en janvier 2021, le PNRI devait « identifier d’ici 2023 des solutions alternatives aux néonicotinoïdes opérationnelles contre la jaunisse de la betterave sucrière ». « Le PNRI est un succès incomplet », rappelle Alexandre Quillet, le président de l’Institut technique de la betterave. « De grands moyens financiers et humains ont été mis en place ces trois dernières années pour découvrir des alternatives performantes, économiquement viables. » Tous les acteurs de la filière s’en réjouissent. Les 23 projets d’alternatives étudiées par les 80 chercheurs mobilisés sont certes déjà en test, mais doivent encore faire leur preuve.
« Je m’engage à prolonger le PNRI pour 2024-2027. Il faut désormais calibrer les besoins et les moyens. Le PNRI n’est pas un guichet. C’est un programme d’actions », a précisé le ministre.
Marc Fesneau a aussi rappelé son engagement à couvrir les plus grosses pertes sur cette campagne 2023. La situation d’une quinzaine de producteurs d’Eure-et-Loir, chez qui la jaunisse a touché plus de 50 % des betteraves cette année, est particulièrement étudiée. Une gravité localisée qui contraste néanmoins avec les chiffres moyens : en septembre, « la maladie touche en moyenne 72 % des parcelles, et dans ces parcelles touchées, seulement 3,2 % de la surface parcellaire » selon l’ITB.
La crainte de nouvelles interdictions de molécule
« Nous sommes conscients des demandes sociétales pour produire différemment. Nous les entendons. Mais l’interdiction d’une famille d’insecticide prise en 2016 a presque réussi à détruire économiquement une filière entière fin 2020 », explique Alexandre Quillet.
Et le président de l’ITB s’inquiète des risques de nouvelles interdictions. « Le difénoconazole pour les fongicides, le phenmédiphame pour les herbicides, le flonicamide pour les insecticides : ces trois molécules font aujourd’hui l’objet d’un questionnement. Si celui-ci aboutit à une interdiction, c’est la mort de notre filière, même avec un prix du sucre à près de 800 € aujourd’hui – sans doute beaucoup moins demain – car aucune alternative à ces molécules n’est identifiée. »
Autant d’exemples pris pour alerter le ministre de l’agriculture sur les distorsions de concurrence qui menacent toujours la filière betteravière française et européenne. Mobilisée par un défi technique inédit, la filière reste économiquement fragilisée par des importations croissantes de sucre. « 20 000 t les années antérieures, 400 000 t cette année, et on parle de 700 000 tonnes de sucre d’importation ces prochaines années », alerte Alain Carré, président de l’AIBS, l’interprofession betteravière. « Pour l’instant, on arrive à les absorber, mais il y aura une fin. »