À 6 400 €/ha, le prix des terres progresse en 2024, mais le marché recule
TNC le 22/05/2025 à 16:43
Le prix de l’hectare agricole a poursuivi l’année dernière une augmentation « mesurée » de 3,2 %, indique la Fédération nationale des Safer (FNSafer) qui a dévoilé le 22 mai les derniers chiffres des marchés fonciers ruraux. Néanmoins, le nombre de transactions et les surfaces échangées poursuivent un repli déjà amorcé l’année précédente.
Si l’année 2024 s’est avérée très contrastée, le marché des terres reste orienté à la baisse et se rapproche des niveaux de 2019, avec un nombre de transactions qui diminue de 5,9 % et passe sous la barre des 100 000 (98 350). Les surfaces échangées représentent 431 200 ha, soit 5,2 % de moins qu’en 2023.
Des prix qui progressent malgré un contexte agricole difficile
Les prix du foncier agricole progressent cependant pour la troisième année consécutive, atteignant 6 400 €/ha (+ 3,2 %) pour les terres libres, et 5 220 € pour l’hectare loué (+ 2,0 %). Cette dynamique est nationale, seules la Bourgogne-Franche-Comté et les Pays de la Loire enregistrent une légère baisse.
Les mauvaises récoltes n’empêchent pas la progression des prix dans les zones de grandes cultures, où ils atteignent en moyenne 7 820 €/ha, soit 1,4 % de plus qu’en 2023. Dans les zones d’élevage bovin, la progression est plus nette, avec 4 790 €/ha, soit + 3,3 %, dans un contexte de stabilisation des cours de lait et de la viande à des niveaux supérieurs aux années précédentes, indique la FNSafer.
Cette dernière observe moins de ventes de biens libres bâtis, signe d’une diminution des transmissions, alors que ces dernières avaient connu une accélération l’année précédente, explique Loïc Jégouzo, adjoint au responsable des études économiques. Les chiffres de l’accompagnement des premières installations en agriculture par les Safer, en baisse de 4 à 5 % en 2024, confirment cette tendance, ajoute-t-il. À l’inverse, les biens loués progressent, avec des fermiers en place qui ont significativement augmenté leurs achats, en particulier dans la moitié nord du territoire.
Si les personnes physiques agricoles restent les premiers acquéreurs en surface (49,3 %), leur proportion est en diminution depuis plusieurs années et recule encore en 2024 (- 6,8 % en nombre, – 9,7 % en surface). En revanche, les achats par les sociétés agricoles progressent.
Un marché sociétaire qui poursuit sa progression
Observé pour la deuxième année suite à la mise en œuvre de la loi Sempastous, le marché sociétaire (cessions de parts ou actions de sociétés, augmentation ou réduction du capital social, etc.) représente plus de 900 000 ha en 2024 (+ 3,5 %) et 8 530 déclarations, pour une valeur de 3 446 M€ (à noter que les 4 opérations les plus onéreuses représentent 50 % de cette valeur).
Les deux-tiers de ces cessions concernent les membres d’une même famille, environ 7 % sont des cessions entre associés non familiaux. Le quart restant, qui concerne les cessions en faveur de tiers, représente 20 % de la surface, et 50 % de la valeur. « Cette répartition est la même depuis 2016, et montre bien que les acheteurs de société sont prêts à payer beaucoup plus cher que ce que représente la surface », insiste Emmanuel Hyest, président de la FNSafer.
Le marché de l’urbanisation au plus bas
Pour la troisième année, le marché de l’urbanisation est en baisse, avec des surfaces qui ont été divisées par 3,2 en trois ans, explique Loïc Jégouzo. Une tendance qui s’explique par les objectifs de Zéro artificialisation nette (ZAN), mais également par la conjoncture économique et la hausse des coûts de construction. Le recul des achats de particuliers est particulièrement fort, avec une diminution de 30 % des acquisitions de biens de moins d’un ha (terrains à bâtir).
Pour Emmanuel Hyest, cette trajectoire de l’artificialisation à la baisse « est une bonne nouvelle ». « Il ne s’agit pas uniquement de protéger les agriculteurs, il y a un enjeu de souveraineté alimentaire pour tous nos concitoyens », explique-t-il. Le président de la FNSafer attire l’attention sur l’importance de politiques publiques cohérentes, notamment entre les politiques agricoles et les politiques de l’environnement, afin d’alléger la pression sur un foncier agricole qui doit rester productif tout en étant concurrencé par les usages : compensation des atteintes à la biodiversité, production d’énergie, implantations économiques, ou encore consommation détournée.