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Lu dans la presse

« Notre agriculture enfermée entre quatre murs » : la colère d’une agricultrice


TNC le 21/08/2019 à 13:46

Dans une tribune publiée dans le Figaro Vox, Anne-Cécile Suzanne, agricultrice en polyculture-élevage dans l’Orne, dénonce la ratification du Ceta, « la dernière consécration du paradoxe français, qui enferme notre agriculture entre quatre murs », ceux de la pression sociétale, de la pression des normes, de la pression anti-élevage, et de la course imposée à la productivité.

Anne-Cécile Suzanne est agricultrice dans l’Orne, installée sur une exploitation de polyculture-élevage. La ratification française du Ceta par les députés, le 23 juillet dernier, l’a profondément mise en colère. Une colère qu’elle exprime dans une tribune qu’elle a signée et publiée sur le site du Figaro.


« Accusé agriculteur, présentez-vous à la barre ! » Tel est résumé son sentiment grandissant au vu des pressions croissantes qui pèsent sur l’agriculture en général, et son activité en particulier. « Cette colère est montée, comme si ce vote avait été la goutte de trop, la dernière consécration du paradoxe français, qui enferme notre agriculture entre quatre murs », explique-t-elle. « Quatre murs » qu’elle détaille ensuite.

Elle cite d’abord « la pression sociétale et médiatique ». « Quand on est agriculteur, il n’est plus possible d’aller chez son boulanger sans se voir reprocher de traiter son blé. » Il y a aussi « les pages de traités qui font de l’agriculture la variable d’ajustement des négociations commerciales ». « Pour survivre, un seul mot d’ordre, dont l’écho résonne à chaque nouveau traité de libre-échange: la productivité. »

« Soit on est durable, mais pas rentable, soit on est performant, mais détesté »

Il y a aussi la pression anti-élevage grandissante. « Aujourd’hui, être éleveur bovin, c’est être résistant. » « De plus en plus, on s’excuse d’exister et on fantasme l’élevage, comme un métier fait de cages, alors même que les animaux, eux, vivent le plus souvent dans les prés. »

Le dernier « mur », selon elle, est « noir comme les pensées des céréaliers, des maraîchers des fruiticulteurs et des éleveurs qui se voient imposer des normes affectant leurs rendements et des prix d’achat en dessous de leurs coûts de production. »

« On pense l’agriculture en saucissons alors même qu’il s’agit d’une activité « « systémique », qui possède un impact global sur son environnement, sur sa société, sur ses consommateurs et sur le climat. »