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Conseil d'analyse économique

« Le plan de relance doit servir la biodiversité »


AFP le 11/09/2020 à 09:35

Le plan de relance doit diriger des investissements vers la biodiversité, a recommandé le Conseil d'analyse économique (CAE), chargé de conseiller le Premier Ministre, dans une note jeudi listant sept propositions d'action touchant à l'aménagement, l'agriculture ou encore le commerce.

Le plan de relance devrait financer des projets de régénération des rivières, des haies ou encore des zones humides, dont les effets peuvent avoir des bénéfices à la fois pour la biodiversité et pour l’économie, estime le Conseil. Il recommande également de développer en France un tissu d’entreprises et acteurs publics œuvrant pour la compensation écologique : coordonnés, ces acteurs rendraient moins chère et plus efficace l’obligatoire reconstitution, lors de travaux d’aménagement, des espaces naturels détruits, comme les zones humides.

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Le CAE suggère aussi une révision de certaines taxations pour limiter l’artificialisation des sols, soulignant par exemple que les terrains non bâtis, comme des parcelles boisées ou des friches, sont un capital très taxé alors qu’il s’agit de refuges pour la biodiversité. Dans leur note, les économistes du Conseil encouragent la rémunération des agriculteurs pour services rendus à la biodiversité. Et ce, à l’heure où « certaines aides sont encore dirigées » sur des activités « qui dégradent l’environnement », souligne l’économiste Jean-Christophe Bureau, l’un des auteurs. Ils appellent enfin à un renforcement des contrôles du tourisme et des marchandises pour limiter l’arrivée d’espèces invasives et pathogènes destructrices. Ils déplorent aussi l’échec des politiques publiques pour la biodiversité en France, dont les effets sont jusqu’ici « relativement décevants », avec un « enchevêtrement des compétences au niveau de la gouvernance ».

De plus, Jean-Christophe Bureau estime que « les ambitions (en matière de biodiversité) affichées par la Commission européenne » dans son Pacte Vert pour 2030, présenté dans les grandes lignes en décembre 2019, sont « gigantesques » mais pour l’instant « incompatibles » avec les accords actuels entre les pays européens, notamment au niveau des politiques agricoles. Le fait que les indicateurs de mesure de la biodiversité soient complexes « ne doit pas être une excuse à l’inaction », a estimé l’économiste, selon qui ils « convergent à peu près tous pour montrer un effondrement de la biodiversité à l’échelle mondiale ». Jeudi, le Fonds mondial pour la nature (WWF) a averti que le monde a perdu plus des deux-tiers de ses populations d’animaux sauvages en moins de 50 ans, principalement à cause de l’activité humaine, dans son Indice planète vivante, publié tous les deux ans.

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