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Sécurité routière

« La ceinture de sécurité m’a sauvé la vie »


TNC le 29/04/2024 à 05:00
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La MSA mène une campagne de prévention pour populariser le port de la ceinture chez les agriculteurs. (© MSA)

Elle est aujourd’hui trop peu bouclée par les agriculteurs au volant de leur tracteur. Pour sensibiliser les esprits à ce petit geste aux grands effets, la MSA relance sa campagne « Je m’attache, je me protège », accompagnée de témoignages rares et forts.

Ils ne sont que 6 % à avoir le réflexe : une toutepetite poignée d’agriculteurs met aujourd’hui sa ceintureau volant de son tracteur, selon des études citées par le ministère de l’Agriculture. Pourtant, ce geste est obligatoire sur la route. Et les conséquences de son absence se révèlent régulièrement dramatiques.

La MSA relance donc cet été sa campagne de sensibilisation « Je m’attache, je me protège ». « Cela peut éviter des cas mortels, sur la route et aux champs », témoigne Benoît Moreau, conseiller en prévention à la caisse centrale de la sécurité sociale agricole.

« Ne pas mettre sa ceinture,c’est verbalisable. Aujourd’hui, il y a peut-être une méconnaissance des risques encourus. Mais avec l’augmentation de la vitesse et du gabarit des tracteurs, les mentalités évoluent », estime Vincent Marcusse, chef de projet assurances tracteurs et matériels agricoles chez Groupama. L’amende forfaitaire est de 135€ et s’accompagne d’un retrait de 3 points sur le permis de conduire.

Les mentalités évoluent aussi doucement grâce à la prévention et la diffusion de messages de sécurité. « Nous avons des retours d’agriculteurs qui nous indiquent que le port de la ceinture leur permet d’avoir une assise plus ergonomique. C’est important quand on sait l’ampleur des problèmes de dos dans le milieu agricole », souligne Vincent Marcusse.

Pour se convaincre de l’utilité de la ceinture, et ne pas se dire « ça n’arrive qu’aux autres » ou attendre un accident pour une trop tardive prise de conscience, la MSA a également recueilli trois témoignages rares et forts, à lire ici et à retrouver en intégralité en ligne.

« On se sent en sécurité et on ne voit pas le risque »

Antoine Mennesson travaille dans l’ETA familiale, dans l’Aisne, une structure « d’une trentaine de personnes, jusqu’à 60 en saison ». « La ceinture, on n’y pense pas naturellement. On monte et on descend souvent de l’engin. La vitesse d’un tracteur n’est pas excessive, la machine est rigide, on se sent en sécurité et on ne voit pas le risque », confie-t-il.

En août 2022, en pleine poussière estivale, un salarié de l’ETA percute un autre tracteur. Il n’était pas attaché. « Il a été projeté contre le pare-brise et a été abîmé au niveau du visage. Six mois après, cela s’est bien remis mais il garde des cicatrices. Il aurait pu se faire éjecter et coincer entre les deux tracteurs. Il l’a échappé belle », reconnaît Antoine Mennesson.

La victime était pourtant fils d’agriculteur et expérimentée. « Dès lors qu’il y a eu un accident, cela fait réfléchir tout le monde », assure Antoine Mennesson. Le chauffeur en face était, lui, attaché au moment du choc. Il n’a rien eu.

Le ceinture permet de sauver des vies et d’éviter des blessures graves. (© MSA)

« Il a eu 52 points de suture au visage »

Nous sommes en août, par une journée d’ensilage poussiéreuse dans la Marne. Un tracteur surgit du brouillard poudreux et c’est le choc. « Impossible de l’éviter », se souvient Émile, apprenti sur l’exploitation familiale d’Antoine Perdrieux, à Saint-Étienne-sur-Suippe. Le jeune homme avait pensé à boucler sa ceinture : « Je connais peu de monde qui la met. Moi, cela me paraît prudent. Et vu l’état des deux véhicules, cela m’a sauvé la vie ». Les deux tracteurs sont partis en épave. « Je n’avais jamais vu ça », témoigne l’agriculteur.

Après l’impact, Émile retrouve ses esprits et part porter secours à l’autre conducteur. « Sa tête avait heurté le carreau », raconte-t-il, toujours ému. « Il a eu 52 points de suture au visage », avance Antoine Perdrieux. « Moi je n’ai eu qu’une petite douleur à cause de la ceinture, qui m’a permis de rester au fond du siège », explique Émile.

« Je n’avais pas spécialement donné la consigne de mettre la ceinture, déclare Antoine Perdrieux. Moi, j’ai appris sans. Je ne savais même pas qu’elle était obligatoire sur la route. Le milieu agricole n’aime pas trop le changement. Mais aujourd’hui, les tracteurs grimpent à 40 ou 50 km/h… »

« J’ai été un an et demi en arrêt de travail »

Elle a connu « des moments compliqués », elle a su « rebondir » mais elle garde un souvenir vif de son accident. Aurore Bricquet travaillait sur l’exploitation familiale à Saint-Amand-sur-Fion, dans la Marne. « C’était en fin de journée. J’avais ma ceinture, mes chaussures de sécurité, j’avais respecté mon temps de pause », précise-t-elle.

Soudain, son tracteur se met à sonner de partout et dévie, incontrôlable. Il bascule. Aurore ferme les yeux, les rouvre, voit un homme venu à son secours. « J’avais les pieds coincés sous les pédales, des coupures au visage. Je suis sortie comme j’ai pu », raconte-t-elle. Le moteur tourne encore, l’huile et le gazole coulent. Dans un état second, Aurore retourne couper le contact pour éviter un possible incendie.

« J’ai été un an et demi en arrêt de travail. J’ai suivi 150 séances de kiné. Je n’étais pourtant qu’à 35 km/h au moment de l’accident. Sans la ceinture, je ne sais pas ce qui serait arrivé, explique-t-elle. On a des gros pneus, une grosse cabine, on se croit surprotégé mais même la carcasse d’un tracteur arrive à plier ! »