Installation en collectif

« Grâce au Gaec, nous avons jusqu’à 10 semaines de congé par an »


TNC le 16/01/2024 à 09:09
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Les éleveurs sont à la tête de 50 vaches laitières, et valorisent les deux tiers de leur lait via la transformation fromagère. (© TNC)

Règlement intérieur, temps de travail, vacances, transmission du capital… Lionel Morel, Morgan Chambas et Adrien Bonhamour utilisent tous les leviers pour concilier travail et temps libre. Et le système fonctionne, en 2022, les éleveurs ont pu prendre 10 semaines de congé chacun.

Dans le Rhône, l’installation de Lionel, Morgan et Adrien dénote. Non issus du milieu agricole, ils ont repris une ferme laitière et un atelier de transformation, sans se connaître au préalable. « Nous cherchions tous une exploitation en vaches laitières avec de la vente directe, mais seul, difficile d’assumer toutes ces casquettes », détaille Morgan.

C’est le cédant qui a orchestré ce coup de foudre professionnel. « Il nous a fait nous rencontrer, et on s’est rendu compte que nous avions les mêmes attentes ». Mais point de mariage sans fiançailles. « Nous avons monté le projet ensemble, ça nous a permis de voir si notre caractère collait », insiste Lionel. Les deux années de démarches à l’installation auront permis aux associés de mieux se connaître.

Toujours prévoir une porte de sortie

Plus qu’agriculteurs, les associés se voient avant tout comme détenteurs de parts dans une entreprise. « Tout a été pensé pour que quelqu’un puisse facilement rejoindre, ou quitter l’exploitation », insiste Lionel.

Première étape : dissocier le privé du professionnel. « Lorsqu’on s’est installés, il n’y avait qu’un compteur électrique pour la maison du cédant et l’exploitation », sourit Morgan. Sans parler du réseau d’eau, d’une partie de l’atelier de transfo ou des dossiers qui trouvaient domicile dans le corps de ferme historique.

50 h de travail par semaine

Les associés se sont ensuite attelés à la rédaction d’un règlement intérieur. L’objectif : organiser le travail, et se permettre d’avoir du temps libre. Ils disposent d’un week-end d’astreinte toutes les trois semaines, et ont su prendre une dizaine de semaines de congé l’année dernière. « On se fixe pour objectif de pouvoir prendre au moins 5 semaines par an ».

Tout est organisé pour privilégier le temps libre. Celui qui fait la traite du matin, vers 5 h, ne fait pas celle du soir. « S’il n’y a pas de problème, le trayeur du matin peut être rentré pour 16h30 ».

Pour les jeunes installés, cette organisation est un autre avantage du collectif, « ça montre que l’on peut être éleveur, et se dégager du temps. Je suis persuadé que l’on a moins d’amplitude horaire que d’autres métiers de l’artisanat par exemple ».

65 000 € d’investissement par associé

Tous trois ont déboursé dans les 65 000 € pour reprendre une exploitation de 35 vaches laitières, et 53 ha de SAU, ainsi que le débouché pour la transformation. « Pour fixer le prix, nous avons fait un compromis entre la valeur patrimoniale, et la valeur économique de l’exploitation », poursuit l’éleveur.

Les investissements post-reprise ont coûté plus chez au Gaec que la reprise elle-même

Mais ce sont généralement les investissements post-reprise qui viennent saler la note. « Au fil des visites, on s’est rendu compte que toutes les fermes ne sont pas forcément en état d’être transmises. Il y a souvent du matériel à changer, et ça chiffre vite ».

Le Gaec a ainsi investi plus de 400 000 € dans l’agrandissement de l’exploitation, qui compte aujourd’hui 50 vaches et 89 ha, mais aussi dans le renouvellement de matériel et d’équipement pour la transformation.

Un pari gagnant, car la vente directe leur permet de valoriser leur lait aux environs de 2 000 €/1 000 l. En transformant les deux tiers de leur production, les éleveurs bénéficiaient d’une marge brute de 441 €/1 000 l en 2022, soit un EBE de 27 000 € par associé.