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Manifestations FNSEA-JA

« 85 % des départements de France » mobilisés selon JA


AFP le 22/10/2019 à 18:48
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« Macron, réponds-nous ! ». Les paysans ont fait entendre leur détresse mardi devant les préfectures, exprimant leur ras-le-bol de l'« agribashing » et demandant au chef de l'Etat de les défendre contre les maux qui affectent un secteur en crise d'identité et en crise économique, à l'appel de la FNSEA et des Jeunes agriculteurs (JA).

« Agribashing » ou déconsidération du monde agricole et de ses pratiques, surtranspositions de règlements européens, accords de libre-échange, retards de paiements des aides européennes… les motifs de crispation sont nombreux.

Déjà mobilisés le 8 octobre dernier, les agriculteurs, au nombre de 10 000 selon la FNSEA, avaient alors bloqué les grands axes routiers dans la France entière. Mardi, ils n’entendaient pas bloquer. D’Arles à Epinal, de la Haute-Savoie à la Gironde, les paysans se sont rassemblés devant les préfectures pour interpeller, à travers elles, le chef de l’Etat, opérations de bâchage à l’appui, le hashtag #SauveTonPaysan en bandoulière.

Un succès, selon Arnaud Gaillot, secrétaire général des JA, qui a affirmé lors d’un point presse que la mobilisation avait touché « 85 % des départements de France » avec, à chaque fois, 50 à 300 agriculteurs réunis devant les préfectures avec ce mot d’ordre « Macron, réponds-nous ». « On a besoin que les gens écoutent les agriculteurs, reprennent confiance en leurs agriculteurs et ça, ça passe par le chef de l’État qui doit dire « Stop, maintenant on arrête, on revient à l’apaisement » », a-t-il déclaré.

« Il y a un gouffre de plus en plus grand entre les agriculteurs et les citoyens. On en prend plein la tête », a déploré Sandie Marthoud, secrétaire générale FDSEA de l’Ain, selon qui plus de 200 tracteurs se sont rassemblés à Lyon près de la préfecture. Une source policière a indiqué à l’AFP avoir dénombré 330 agriculteurs rassemblés devant la préfecture de région à Lyon, avec 140 tracteurs postés à proximité.

La mobilisation s’est parfois un peu tendue, comme dans le Gard où un convoi de quelque 80 tracteurs s’est arrêté à midi devant un bâtiment des services fiscaux de Nîmes où des incidents ont éclaté entre plusieurs dizaines d’agriculteurs et les forces de l’ordre.

Colère aussi en Allemagne

Outre les intrusions dans les élevages des militants antispécistes ou les pressions sur l’utilisation de produits phytosanitaires, avec la mise en place de zones de non-traitement (ZNT) de pesticides, les agriculteurs déplorent, pour beaucoup, des revenus en berne, en partie à cause de la guerre des prix des acteurs de la grande distribution. Une situation que devait régler au moins partiellement la Loi Alimentation mise en place en début d’année, censée ramener du revenu dans les cours de fermes en rééquilibrant les relations commerciales entre paysans, industriels et distributeurs.

« Nous demandons au ministre de l’Agriculture de réunir les acteurs, notamment les 4 centrales de distribution pour leur dire : « cette année, vous ne pouvez pas passer à côté, et contourner les outils de la loi alimentation », a déclaré Christiane Lambert lors d’un point presse de la FNSEA.

Cette loi « ne porte pas assez ses fruits », a reconnu le ministre de l’agriculture, Didier Guillaume, sur LCI, ajoutant que « si ça ne fonctionne pas, il faudra prendre des décisions ». Il s’est dit toutefois « choqué » par le slogan des agriculteurs : « On ne s’adresse pas au président de la République en disant « Macron, réponds-nous » ».

« La FNSEA et les Jeunes agriculteurs canalisent le mécontentement, s’il n’y a pas cette canalisation, ce sera je pense beaucoup plus difficile et plus violent », a averti Christiane Lambert, qui a demandé aux agriculteurs de « s’impliquer d’avantage dans les conseils municipaux », avec les prochaines élections en ligne de mire.

Cette colère du monde agricole n’est pas circonscrite à la France : en Allemagne, des milliers d’agriculteurs ont également manifesté mardi au volant de leurs tracteurs à travers le pays contre les réglementations du gouvernement en matière de climat et de réforme agricole, qui menacent selon eux l’existence de leur activité.

Aux Pays-Bas, une mobilisation similaire à celle de la France, entamée le 1er octobre, avait causé ce jour-là le plus gros embouteillage de l’histoire du pays avec 1 000 kilomètres de bouchon.

En France, la mobilisation est loin d’être terminée : dès la semaine prochaine, des actions en grandes surfaces et dans les restaurants sur l’étiquetage des produits sont prévues, avant une action au niveau européen le 15 novembre prochain.