« Les agriculteurs ne sont plus heureux » et bloquent l’autoroute à Strasbourg
AFP le 24/01/2024 à 19:35
Plusieurs centaines de tracteurs ont commencé mercredi après-midi à bloquer l'autoroute de contournement de Strasbourg, un axe très fréquenté qui est condamné jusqu'à jeudi soir par des agriculteurs venus exprimer leur colère et leur inquiétude quant à l'avenir de leur métier.
Plusieurs convois se sont rejoints, venant du sud et du nord du Bas-Rhin pour converger au point de rendez-vous fixé à hauteur de la capitale alsacienne. L’autoroute a été bloquée à partir de 16 h par des centaines d’agriculteurs venus avec de quoi tenir plus de 24 heures : barbecues géants, barnums, toilettes sèches, braseros et tentes Quechua dans certains habitacles.
« Notre fin sera votre faim », « Nous ne sommes pas les larbins de la société », « Souveraineté alimentaire en danger » indiquent certaines banderoles, ou encore « Attal l’agriculture va mal », « Etat déconnecté = agriculture française en danger ».
« Il y a une accumulation de beaucoup de choses », explique Yannis Baltzer, président des Jeunes agriculteurs du Bas-Rhin, à l’origine de cette initiative avec la FDSEA. « Il y a une hausse des charges très importante, et avec la baisse des prix, c’est le fameux effet ciseaux qu’on redoutait, avec des charges hautes et des prix bas qui ne couvrent même plus les coûts de production », précise-t-il.
« Aujourd’hui, beaucoup d’exploitations sont dans le rouge et il y a aussi un ras-le-bol du rajout des normes, qui nous coûte toujours plus cher à mettre en oeuvre », reprend l’agriculteur de 37 ans, qui exploite une centaine d’hectares à Ringendorf (Bas-Rhin).
Sylvain Weber est lui venu du sud avec son tracteur, laissant son oncle s’occuper des 300 bêtes de leur exploitation.
« On en a ras-le-bol de toutes les normes, on nous oblige à faire des papiers, ce n’est pas notre métier : on est éleveurs, pas bureaucrates », souligne celui qui dit passer « énormément de temps, des soirées entières » à remplir demandes de subventions ou autres plans d’épandages.
« Je suis pessimiste, quand on voit les cheptels qui diminuent, l’âge des éleveurs… Je suis aussi maire de mon village et je suis dans toutes les instances agricoles. Je n’ai jamais vu autant de mal-être chez les agriculteurs que ces cinq dernières années. Les agriculteurs ne sont plus heureux dans leur ferme », constate-t-il, inquiet de ne voir aucun repreneur à l’horizon pour prendre la suite de son oncle quand celui-ci partira à la retraite dans quelques mois.