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Changement climatique

« Le risque de mauvaises récoltes simultanées sous-estimé », avertit une étude


AFP le 05/07/2023 à 09:38

Les risques de mauvaises récoltes dans plusieurs greniers à blé du monde à cause du changement climatique sont sous-estimés, affirme une étude publiée mardi qui tire la « sonnette d'alarme » sur la menace de déstabilisation du système alimentaire mondial.

La probabilité que plusieurs grandes régions productrices de denrées alimentaires soient simultanément victimes de mauvaises récoltes ou de faibles rendements à cause du changement climatique est plus forte qu’auparavant, conclut cette étude publiée dans Nature Communications par des chercheurs basés aux Etats-Unis et en Allemagne.

Cette concomitance pourrait entraîner une flambée des prix, de l’insécurité alimentaire et même des troubles civils, souligne l’auteur principal de l’étude, Kai Kornhuber, chercheur à l’université Columbia, joint par l’AFP. Il prend pour exemple l’année 2010 : des chaleurs extrêmes en Russie ainsi que des inondations dévastatrices au Pakistan avaient nui aux récoltes, avec des répercussions mondiales significatives.

Source majeure d’émissions de gaz à effet de serre, la production alimentaire contribue au réchauffement de la planète et est très exposée en retour à ses conséquences.

L’étude s’est penchée sur les données météorologiques et sur les modèles climatiques entre 1960 et 2014, puis sur les projections pour la période de 2045 à 2099.

Les chercheurs ont tout d’abord examiné l’impact du « jet stream » ou courant-jet — les courants d’altitudes qui déterminent les conditions météorologiques — sur les plus importantes régions productrices de céréales au monde.

Ils ont constaté qu’un « fort mouvement de méandres » du courant-jet a des répercussions particulièrement importantes sur les principales régions agricoles d’Amérique du Nord, d’Europe de l’Est et d’Asie de l’Est, avec une réduction des récoltes pouvant aller jusqu’à 7 %. Ce phénomène de fluctuations du courant-jet avait joué un rôle en 2010.

L’étude révèle aussi que les modèles informatiques actuels sont certes efficaces pour reproduire le mouvement atmosphérique du courant-jet, mais qu’ils sous-estiment l’ampleur des phénomènes extrêmes qui en résultent.

Pour Kai Kornhuber, cette étude devrait constituer « un signal d’alarme sur nos incertitudes » concernant l’impact du changement climatique sur le secteur alimentaire. « Nous devons nous préparer à ces types de risques climatiques complexes à l’avenir et les modèles actuels ne semblent pas en tenir compte », a-t-il résumé.