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Remaniement

A l’Agriculture, Marc Fesneau, héritier de François Bayrou


AFP le 20/05/2022 à 18:23

Marc Fesneau, nouveau ministre de l'agriculture et de la souveraineté alimentaire, qui succède à Julien Denormandie, rêvait de ce portefeuille de longue date. Il y accède en temps de guerre, avec pour mission l'indépendance alimentaire et la transition agroécologique.

Ce bon élève du gouvernement, discret et loyal, est un proche de François Bayrou, et son futur successeur à la tête du MoDem. C’est un accomplissement pour Marc Fesneau, 51 ans, jusqu’alors ministre délégué aux relations avec le Parlement et à la participation citoyenne, mais dont le nom avait déjà circulé pour l’agriculture en 2017 et 2019. Cet adepte de la chasse, qui fut dans le temps directeur du développement local de la chambre d’agriculture du Loir-et-Cher et défend volontiers la ruralité, a une certaine connaissance des dossiers.

Dans les allées du Salon de l’agriculture fin février, il affirmait la nécessité de bâtir en France « une souveraineté sur le foncier, parce que la souveraineté sur le foncier, c’est la souveraineté sur notre alimentation ». La guerre en Ukraine et les tensions inédites sur l’approvisionnement en matières premières agricoles sur les marchés mondiaux ont précipité les urgences pour la Ferme France. À l’heure où plus de la moitié des quelque 400 000 agriculteurs sont susceptibles de prendre leur retraite d’ici cinq ans, l’accès à la terre sera une des priorités du ministère, avec la lutte contre l’artificialisation des sols agricoles et la transition agroécologique.

« Un élu de la ruralité »

« C’est quelqu’un que nous connaissons bien, un élu de la ruralité (…) toujours investi et apprécié », a dit à l’AFP la présidente du syndicat agricole majoritaire, Christiane Lambert, se réjouissant du libellé du ministère, qui intègre désormais la « souveraineté alimentaire », un thème « plus que jamais capital » dans le contexte post-Covid et de la guerre en Ukraine.

C’est un vrai signe d’avoir un ministre en capacité de proposer des solutions concrètes et adaptées à chaque territoire », a réagi quant à lui Sébastien Windsor, président des chambres d’agriculture, dont le nouveau ministre fut membre. « Nous l’attendons sur trois grands enjeux : le revenu des agriculteurs, le changement climatique, les attentes sociétales, auxquels s’ajoute le besoin de produire », a-t-il dit à l’AFP.

Marc Fesneau a marqué des points au fil du quinquennat, malgré un échec aux élections régionales de juin 2021, où sa liste de la majorité présidentielle en Centre-Val de Loire était arrivée en quatrième position au second tour. Élu député en juin 2017 avec le soutien d’En Marche, il était devenu président du groupe MoDem à l’Assemblée. Sa popularité s’était étendue chez les « marcheurs » : en 2018, il récoltait 86 voix lors de l’élection du président de l’Assemblée nationale, bien au-delà de celles des 46 députés MoDem, face à Richard Ferrand (LREM). « Il a de la finesse politique et sait aplanir les conflits », salue le député Jean-Louis Bourlanges, quand son collègue Erwan Balanant estime « difficile de lui trouver des défauts ».

« Pas un capitaine Fracasse »

Un élu d’opposition juge ce bon vivant « assez sympathique » mais allant « un peu au gré du vent ». « Pas un capitaine Fracasse », admet-on dans les rangs de la majorité. « Il ne cherche pas les effets de manche », défend la ministre MoDem Jacqueline Gourault, qui le considère comme un fils. En octobre 2018, il entre au gouvernement, nommé ministre des relations avec le Parlement, et devient l’un des « chouchous » du Premier ministre Édouard Philippe, tout en gravissant les échelons du parti centriste.

Après avoir grandi à Paris, Marc Fesneau s’est installé à Marchenoir, commune de quelque 600 habitants de la Beauce dont sa famille est originaire. Il devient conseiller municipal en 1995, à 24 ans, adhère à l’UDF puis au MoDem. Engagé au Sénat en 2001 comme assistant parlementaire de l’élue du Loir-et-Cher Jacqueline Gourault, il reprend en parallèle à 30 ans des études à Sciences Po. Élu conseiller régional du Centre en 2004, maire de Marchenoir en 2008, et tête de liste du MoDem pour les régionales de 2010, il est promu la même année secrétaire général du parti.

Tenant de la ligne chrétienne-démocrate au sein du MoDem, ce père de trois enfants admet avoir évolué sur les questions de société, jusqu’à reconnaître s’interroger sur la fin de vie. Dans la famille centriste, volontiers girondine, il s’est également illustré en formulant des réserves sur une trop grande décentralisation. Son horizon est dégagé depuis que François Bayrou l’a nommé en début d’année numéro deux du parti et, de facto, son successeur désigné à la tête du mouvement le moment venu.