A Avignon, le théâtre, plaidoyer pour une agriculture écologique et responsable
AFP le 12/07/2025 à 11:15
Elle a poussé les portes des fermes, interrogé des agriculteurs, construit une pièce, puis l'a jouée sur des scènes nationales comme sur des ballots de paille : la compagnie belge Adoc propose depuis plus de dix ans un théâtre engagé pour un modèle agricole alternatif.
La troupe, deux comédiens et un metteur en scène, était venue dans la Cité des papes il y a dix ans pour présenter une première version de « Nourrir l’Humanité », imaginée à la sortie des études au Conservatoire de Liège.
Cette première édition « était un constat très noir de la situation », raconte à l’AFP le metteur en scène, Alexis Garcia. Elle décrivait la disparition des petites exploitations, le modèle productiviste dominant lié à la Politique agricole commune, la concurrence, la dureté du métier, le taux de suicide…
Adoc revient cette année à Avignon avec une nouvelle version – la douzième – plus optimiste. Depuis dix ans, « la pièce ne cesse d’être remaniée, en fonction de l’actualité », ajoute Alexis Garcia, expliquant qu’elle s’est enrichie de l’expérience des « néoruraux » et « de figures ayant exploré la transition, comme le député écologiste Benoît Biteau », paysan bio et agronome, figure emblématique de la lutte contre les méga-bassines du Marais poitevin.
Dans le jardin d’un ancien carmel, les deux comédiens jouent un couple d’agriculteurs, dans une mise en scène ponctuée d’extraits d’entretiens filmés.
La compagnie se revendique du théâtre documentaire et travaille à partir d’entretiens menés auprès d’exploitants, en premier lieu, mais aussi auprès d’experts, d’universitaires, d’hommes politiques, d’associations, en Belgique et en France.
Sur scène, le comédien, lui-même fils d’agriculteur, s’alarme cependant des « ravages environnementaux », de « la biodiversité qui disparait ». « On fait machine arrière sur l’interdiction des pesticides ! », lance la comédienne, alors que vient d’être adoptée en France la loi agricole Duplomb-Menonville avec sa mesure de réintroduction dérogatoire d’un produit phytosanitaire de type néonicotinoïde, potentiellement cancérigène.
Ce sujet, parmi d’autres, est d’ailleurs abordé peu après lors du débat auquel sont invités les spectateurs à l’issue de la représentation.
Selon Alexis Garcia, dans ces échanges, « en dix ans, on a constaté une conscientisation citoyenne. Les gens se réintéressent à ce qu’il y a dans leurs assiettes ». « On essaye de faire changer le regard sur notre modèle, de reconnecter consommateurs et producteurs », dit-il.