A Arras, des agriculteurs mobilisés contre le Mercosur avant la venue d’E.Macron
AFP le 19/11/2025 à 14:55
Plusieurs dizaines d'agriculteurs en tracteurs se sont réunis mercredi à la mi-journée à Arras (Pas-de-Calais), où doit se rendre dans l'après-midi le président Emmanuel Macron, à qui ils veulent répéter leur opposition à l'accord UE-Mercosur.
« On nous dit qu’on ne signera pas le Mercosur en l’état, mais on voit bien que les visites au Brésil s’enchaînent, que l’Europe ne nous soutient pas et qu’aujourd’hui, on se sent complètement démunis, abandonnés, il n’y a pas de direction », a regretté auprès de l’AFP Benoît Gilbert, agriculteur dans le Pas-de-Calais et membre de la Coordination rurale (CR).
Vers midi, une vingtaine d’agriculteurs et autant de tracteurs de la CR stationnaient autour d’un rond-point à proximité d’Arras, a constaté une journaliste de l’AFP. Ils se sont ensuite mis en route pour les boulevards périphériques de la ville. Des agriculteurs de la FDSEA devaient aussi se retrouver en début d’après-midi sur plusieurs autres ronds-points de l’agglomération.
Emmanuel Macron est attendu dans l’après-midi à Arras pour un échange avec des lecteurs du quotidien régional La Voix du Nord sur le thème de « la démocratie à l’épreuve des réseaux sociaux et des algorithmes ». Le sujet sur lequel il a déjà débattu mercredi dernier à Toulouse avec des lecteurs de La Dépêche du Midi.
Son déplacement à Arras, « sans venir rencontrer les agriculteurs », est « inadmissible », a estimé Lucie Delbarre, présidente du syndicat agricole FDSEA du Pas-de-Calais interrogée par l’AFP. Si l’accord de libre-échange entre l’Union européenne et les pays latino-américains du Mercosur entre en vigueur, « on a peur d’une disparition de l’agriculture française », a-t-elle insisté.
Avec cet accord, « une bonne partie des produits importés ne seront pas aux normes » européennes, selon Stéphane Bleuzé, président de la CR du Nord.
Cette mobilisation doit permettre selon lui « d’alerter le président sur le fait que la pilule ne passe toujours pas », malgré les conditions que tente de fixer le président de la République.
« Les garanties, on sait très bien qu’elles ne sont jamais maintenues dans le temps », a ajouté Stéphane Bleuzé. « Monsieur Macron, dans un an et demi, il n’est plus là ».
La Commission européenne s’est donné jusqu’au 20 décembre pour obtenir le feu vert des États européens sur cet accord. Ces dernières semaines, la valse-hésitation de Paris sur ce sujet irrite Bruxelles.
Lors d’un déplacement au Brésil début novembre, Emmanuel Macron avait semblé pencher en faveur de l’accord, avant de rétropédaler après le tollé provoqué par ses propos parmi les agriculteurs français comme dans la classe politique.
Mercredi matin, la porte-parole du gouvernement Maud Bregeon a répété à l’issue du Conseil des ministres que cet accord n’était « toujours pas acceptable » en « l’état » pour la France.