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Exel Industries

Y. Belegaud : « La pulvérisation est indispensable pour nourrir le monde ! »


TNC le 15/06/2020 à 06:04
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Exel Industrie est confiant, la pulvérisation est nécessaire en agriculture conventionnelle, biologique et pour appliquer les produits de biocontrôle. (©TNC)

Le groupe Exel Industries vient de présenter son plan de bataille pour faire face aux nouveaux enjeux environnementaux et à l'acceptabilité de la pulvérisation, de plus en plus décriée par les médias et le grand public. Après avoir rassuré sur son bon état financier, le "spray liner" a dévoilé sa stratégie en vue d'optimiser ses charges industrielles, gagner en productivité et reconquérir un marché forcé de redémarrer grâce au fond gouvernemental et au parc matériel vieillissant. La pulvérisation n'est pas morte !

Dans le contexte actuel où la pulvérisation est largement décriée par l’opinion publique, le groupe Exel Industries ne cède pas à la pression médiatique. Selon Yves Belegaud, directeur général : « Il faudra bien nourrir le monde, c’est une nécessité. Tout comme assurer l’indépendance alimentaire n’est pas un vain mot quand on se trouve confronté à une pandémie mondiale de type Coronavirus. Pour suivre l’évolution de la démographie mondiale, il sera nécessaire de produire davantage et donc d’augmenter la productivité agricole. Par ailleurs, sur les 7,7 milliards d’habitants présents sur la planète en 2020, 800 millions sont encore malnutris. »

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Le challenge des agriculteurs sur les trente années à venir sera donc d’accroître leur production de céréales de 30 %. De quoi satisfaire les besoins de la population mondiale qui devrait passer de 7,7 à 10 milliards d’individus. Soit passer de 2,7 à 3,5 milliards de tonnes de blé, riz, maïs… Le tout en respectant l’environnement ! À souligner que la quantité de matière active épandue par les agriculteurs a déjà été divisée par trois entre 1970 et 2020.

La pulvérisation sert à apporter les fertilisants nécessaires pour nourrir les plantes et à combattre maladies, insectes et adventices grâce aux produits phytopharmaceutiques. Une lutte indispensable pour maintenir le niveau des rendements et garantir la rentabilité des exploitations. La pulvérisation est donc nécessaire, y compris en agriculture biologique et pour l’épandage des produits de biocontrôle, où la qualité de pulvérisation est cruciale.

La technologie a nettement amélioré la qualité et la précision

Les innovations technologiques ont nettement amélioré la précision et la qualité du travail. Elles devraient réduire la dose de 30 à 90 % à terme. Les buses anti-dérive, le débit proportionnel à l’avancement, la compensation automatique dans les virages ou la modulation de dose dans le champ en fonction d’une carte GPS ou en fonction des ZNT (zones de non-traitement)… jusqu’au dispositif de ciblage à la buse des zones à pulvériser par reconnaissance visuelle de la présence d’adventices à détruire.

Contrairement à ses concurrents full-liners et long-liners, le groupe Exel Industries se positionne comme le spécialiste de la pulvérisation agricole : le « spray-liner ». Après le tracteur, le pulvérisateur est l’équipement le plus utilisé sur une exploitation agricole. Le parc actuel a 10 ans d’âge en moyenne en France. Le groupe mise donc sur le renouvellement important dans un avenir proche. Sans compter le plan Ecophyto 2 qui prévoit de réduire de moitié les matières actives entre 2015 et 2025.

30 M€ pour moderniser le parc matériel de pulvérisation

En outre, le gouvernement français vient d’annoncer l’enveloppe de 30 millions d’euros pour accompagner les agriculteurs dans la modernisation de leurs équipements de pulvérisation.

La filiale Exxact Robotics a été créée en novembre 2019 pour mieux coordonner les innovations et accélérer la mise en application de leur potentiel. L’objectif de la firme est d’élargir les partenariats technologiques avec les starts-up et de mieux intégrer l’agronomie dans la réflexion.

L’intelligence artificielle devrait contribuer à améliorer l’efficience des produits et à en réduire la dose grâce au dispositif de vision et de reconnaissance des adventices. Des outils qui permettront aussi de mieux tracer les opérations. Autre avantage de la robotique : réduire la pénibilité des travaux, comme en viticulture par exemple. Et pallier au manque de main d’œuvre. La pulvérisation de haute précision doit offrir des solutions pour l’après glyphosate par exemple.

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Résultat : le groupe réorganise son pôle comme annoncé en juillet 2019 et simplifie ses gammes. Du coup, huit marques perdurent et se spécialisent sur des domaines d’activité :

  • En grandes cultures : Evrard, Berthoud, Tecnoma, Hardi et Agrifac,
  • En vigne large : Nicolas et Berthoud,
  • En vigne étroite : Tecnoma et Berthoud,
  • En arboriculture : Nicolas et Hardi,
  • Tracteurs enjambeurs : Tecnoma et CMC.

Coup final pour Caruelle, Seguip, Thomas, Fisher et Loiseau

Ce qui signifie la fin des autres marques, à savoir Caruelle, Seguip, Thomas, Fisher et Loiseau, dont les volumes étaient plus anecdotiques. Côté production, chaque site se réorganise en fonction de ses compétences. Résultat :

  • Fère-Champenoise (site Préciculture) : automoteurs Berthoud, Tecnoma, et enjambeurs CMC et Tecnoma,
  • Beaurainville (site Evrard) : fabrication des automoteurs Evrard, Hardi et Matrot,
  • Steenwijk (Pays-Bas) : site dédié aux automoteurs Agrifac
  • Belleville (site Berthoud) : pulvérisateurs (traînés et portés) Berthoud et Tecnoma,
  • Norre Aslev (Danemark) (site Hardi) : pulvérisateurs (traînés et portés) Hardi et Evrard,
  • Epernay (site Tecnoma) : matériel destiné à la vigne et l’arboriculture Nicolas, Tecnoma, Berthoud et Hardi.

L’activité de roto-moulage et d’injection plastique se concentre à Epernay et Norre Aslev.

Trois usines cessent leur activité

Conclusion : les usines de Noyers-Saint-Martin dans l’Oise (ex site Matrot), Saint-Denis-de-l’Hôtel dans le Loiret (ex site Caruelle/Nicolas) et Lleida en Espagne (ex site Ilemo/Hardi) ont cessé leur activité ou sont en cours de fermeture.

Selon Yves Belegaud : « La  réorganisation industrielle devrait permettre d’améliorer les capacités industrielles et de gagner en productivité ; sans oublier d’optimiser les achats industriels ».