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Guadeloupe et Martinique

Un rapport parlementaire exige des « réparations » à la pollution du chlordécone


AFP le 27/11/2019 à 10:25
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Une commission d'enquête parlementaire sur la pollution au chlordécone, un insecticide qui a durablement contaminé les sols de Guadeloupe et Martinique dans les Antilles françaises, demande dans un rapport mardi des « réparations » et une loi de programmation pour sortir du chlordécone.

La commission a fait au total 49 propositions, qui devront « s’inscrire sur le long terme à travers une loi d’orientation et de programmation pour acter le principe des réparations » à cette pollution, a déclaré la députée centriste de Guadeloupe Justine Benin, rapporteure de la commission d’enquête, lors d’une conférence de presse.

Le chlordécone est un insecticide, perturbateur endocrinien et cancérogène probable, autorisé entre 1972 et 1993 dans les bananeraies des Antilles, alors que sa toxicité et son pouvoir persistant dans l’environnement étaient connus depuis les années 60, a affirmé Justine Benin.

Aujourd’hui, 95 % des Guadeloupéens et 92 % des Martiniquais sont, selon Santé Publique France, contaminés par le produit, qui se retrouve dans l’eau, certains légumes, viandes et poissons, entraînant des interdictions de cultures et de pêche.

La commission, qui n’a pas chiffré ses propositions, a notamment rappelé la responsabilité de l’État dans cette pollution, aux côtés des acteurs économiques et politique locaux de l’époque.

Elle demande la création d’« un fonds d’indemnisation pour réparer les préjudices subis par les victimes atteintes d’une pathologie résultant » du chlordécone. Mais il est encore impossible de définir à partir de quel taux dans le sang le chlordécone est dangereux pour l’homme, rappelle la commission, qui recommande de faire de la recherche sur l’insecticide, sur son impact sur la santé et sur les possibilités de dépolluer les sols.

La commission préconise aussi « un suivi sanitaire systématique » aux « personnes potentiellement plus exposées au risque de chlordécone », financé par l’assurance-maladie.

Pour financer la prise en charge des préjudices et la dépollution des terres, elle recommande d’instaurer « une contribution de la filière économique de la banane », selon le « principe du pollueur-payeur », a expliqué le président de la commission, le député socialiste de Martinique Serge Letchimy, président de la commission.

Sur le plan économique, la commission recommande une « indemnisation intégrale du préjudice subi par les agriculteurs et les pêcheurs ».

Pour protéger la population, elle préconise de « mettre en place des zones d’interdiction des cultures sensibles dans les secteurs les plus contaminés », avec un accompagnement financier des agriculteurs concernés.