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Alternatives aux phytos

Réduire les doses de fongicides sur céréales via l’utilisation des algues


TNC le 02/08/2023 à 14:30
Algues

Le négoce Lamy-Bienaimé développe l'apport d'algues pour protéger les cultures des maladies.

À la recherche d’alternatives aux produits phytosanitaires, le négoce Lamy-Bienaimé travaille depuis trois ans à l'utilisation des algues pour protéger et stimuler les plantes, et ainsi réduire le recours aux fongicides. Cette année, 3 500 ha de céréales ont été concernés, ainsi que 1 000 ha de tournesol chez les agriculteurs du négoce.

Pour cette campagne 2023, « 3 500 ha soit 25 % de la surface en céréales à paille (blé, orge…) accompagnée par Lamy-Bienaimé ont reçu une protection à base d’algues rouges, seule ou associée à un fongicide issu de la chimie mais appliqué seulement à 50 % de sa dose (en cas de forte pression) », présente Cédric Clochard, directeur du site de Lusseray (Deux-Sèvres) à l’occasion d’une conférence de presse Vert l’avenir, organisé par le Négoce agricole Centre-Atlantique.

Des stimulateurs de défense des plantes

En recherche de solutions alternatives, le négoce développe depuis trois ans l’usage de ces biostimulants issus de l’entreprise Olmix. « Les algues rouges sont pêchées en France, dans le sud de la Bretagne et en Vendée, elles poussent entre 2 et 8 m de profondeur. Durant l’été, elles s’enrichissent fortement en nutriments et principes actifs, puis se détachent des rochers et dérivent vers les côtes. » 

Comme leur nom l’indique, les biostimulants vont ainsi agir comme des « stimulateurs de défense des plantes. Ils représentent un moyen de réduire le recours aux produits phytosanitaires, en réponse aux attentes sociétales et à certains cahiers des charges comme pour la Haute valeur environnementale (HVE) ou les mesures agroenvironnementales et climatiques (MAEC) », explique le professionnel. Ils sont également adaptés à l’agriculture biologique. 

Installé à Brioux-sur-Boutonne dans le sud des Deux-Sèvres, Kevin Bouquet a intégré leur utilisation dans ses pratiques depuis trois ans, pour l’ensemble de sa sole de blé et d’orge. « Avec une dose de 1 l/ha, cela me permet de réduire de moitié les doses de fongicide classique au T1, sans aucune différence tant sur l’efficacité qu’au niveau du porte-monnaie (coût : environ 15 €/ha) », explique l’agriculteur. En cas de pression modérée, le biostimulant peut également être appliqué seul au T1, à raison de 2 l/ha. 

Un levier supplémentaire

« Si les alternatives aux produits phytos fonctionnent, je suis toujours partant pour les utiliser », souligne Kevin Bouquet. « Je n’ai pas encore testé, par contre, au T2. La pression maladies étant plus forte, l’enjeu économique l’est aussi. » Certains agriculteurs engagés dans des cahiers des charges spécifiques le pratiquent. Dans ce cas-là, ce sont les algues brunes qui sont recommandées, mais l’efficacité est moindre pour le moment », note Cédric Clochard. Il rappelle d’ailleurs que « l’action préventive de ces biostimulants ne dispense pas de la mise en œuvre d’autres leviers agronomiques, tel que le choix variétal ».

L’apport d’algues se développe aussi contre les maladies du tournesol. Pour la 1ère année de lancement, cela concerne environ 1 000 ha chez Lamy-Bienaimé, soit 22 % de la surface suivie par le négoce. Dans ce cadre, une seule application est conseillée, à 1 l/ha, au stade « limite passage tracteur ». Des essais sont envisagés pour d’autres types de cultures : affaire à suivre donc !