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Etude

Persistance inattendue des résidus de pesticides dans les sols en France


AFP le 26/05/2023 à 14:20

Cultures, prairies permanentes et même forêts : une étude pilote menée par l'institut de recherche Inrae et l'université de Bordeaux a révélé la « persistance inattendue » de résidus de pesticides dans la quasi-totalité de 47 sites étudiés à travers la France de 2019 à 2021.

Les scientifiques ont recherché 111 substances sur ces 47 sites. Résultat : « 98 % des sites étudiés présentent au moins une substance. Au total, 67 molécules différentes ont été retrouvées, majoritairement des fongicides et des herbicides », selon cette étude publiée récemment dans la revue Environmental Science & Technology.

Ces travaux « démontrent une persistance inattendue des molécules de pesticides dans l’environnement, bien au-delà de leur temps de dégradation théorique et à des concentrations supérieures à celles escomptées », selon les chercheurs, qui soulignent dans un communiqué « un besoin accru de surveillance des sols ».

Les parcelles de grandes cultures (céréales, oléagineux…) « sont les plus contaminées, avec jusqu’à 33 substances différentes retrouvées dans un seul site, et une moyenne de 15 molécules dans les sols ».

« Plus inattendu, dans les sols sous forêts, prairies permanentes, en friche ou en agriculture biologique depuis plusieurs années, plus de 32 pesticides différents ont été détectés, à des concentrations majoritairement plus faibles que pour les sites en grandes cultures », poursuivent-ils.

Les molécules les plus fréquemment détectées sont le glyphosate, l’herbicide le plus utilisé dans le monde, et l’AMPA, son métabolite principal (résidu dégradé), respectivement « présents dans 70 % et 83 % des sols prélevés ».

Des fongicides, utilisés contre des champignons et moisissures dans les champs de céréales, sont également retrouvés dans « plus de 40 % des sites », tout comme des insecticides de la famille des pyréthrinoïdes, dont certains « peuvent être utilisées en agriculture biologique ».

Le temps de dégradation théorique de 90 % des concentrations initiales des substances est estimé à 170 jours pour le glyphosate, à 1 000 jours pour son métabolite AMPA et à plus de huit ans pour certains fongicides.

Le « risque majeur estimé pour les vers de terre », acteurs essentiels de la santé des sols, « est dû aux insecticides et aux fongicides », selon l’étude.

La contamination de l’environnement par les résidus de pesticides fait depuis longtemps l’objet d’une surveillance pour les milieux aquatiques et l’atmosphère, mais « ce n’est pas encore le cas pour les sols », soulignent les chercheurs, qui estiment qu’une surveillance accrue pourrait s’appuyer sur le Réseau de mesure de la qualité des sols de l’Inrae, qui regroupe 2 200 sites en France métropolitaine.