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Élevage

Nouvelle offensive de L214 et Greenpeace


AFP le 24/06/2020 à 17:33

L214 et Greenpeace ont lancé mercredi une nouvelle offensive contre l'élevage, obtenant pour la première la fermeture d'une chaîne d'abattoir d'agneaux en Aveyron, alors que la deuxième dénonçait le rôle des pouvoirs publics dans l'industrialisation de l'élevage dans l'ouest de la France.

Après un premier rapport choc mais inexact en 2018 qui avait obligé Greenpeace à présenter des excuses aux agriculteurs et agricultrices ayant fait l’objet d’une délation nominative, et à retirer une carte interactive de « fermes-usines », l’ONG a pointé, dans un rapport publié mercredi, le rôle de l’Etat dans une « industrialisation encouragée et non contrôlée » de l’élevage en France. « La tendance à l’industrialisation s’accentue », surtout dans les filières volaille et porcine, en Bretagne et dans les Pays-de-Loire, a indiqué à l’AFP Suzanne Dalle, chargée de campagne agriculture chez Greenpeace.

En France, 12 % des exploitations de poules pondeuses produisent 70 % des poules, et 13,8 % des exploitations porcines produisent 64 % des porcins français. Et à elle seule, la Bretagne regroupe près de la moitié des installations soumises à autorisation au nom de la protection de l’environnement (IPCE), et les Pays de la Loire environ 20 %. Greenpeace demande donc un moratoire sur l’installation et l’extension de ces installations classées pour la protection de l’environnement (IPCE). C’est-à-dire celles qui ont plus de 750 emplacements pour les truies, plus de 2 000 pour les porcs de plus de 30 kg, plus de 40 000 pour les volailles, plus de 400 pour les vaches laitières ou plus de 800 pour les veaux de boucherie ou bovins à l’engraissement.

L’ONG s’inquiète aussi du « détricotage » de la réglementation via des régimes d’autorisation moins contraignants, et d’un « renoncement » de l’Etat en matière de contrôles environnementaux sur place.

Au passage, Greenpeace a fait son mea culpa en admettant que les fermes de 1 000 vaches, décriées par les défenseurs de l’environnement, ne sont « pas du tout » représentatives de « l’état de l’élevage bovin en France ».

À voir : Greenpeace fait son mea culpa sur l’élevage bovin

Dans le même temps, l’association de défense des animaux L214 a diffusé mercredi une video dénonçant les pratiques d’un abattoir industriel de l’Aveyron, montrant notamment des agneaux égorgés à vif, et porté plainte pour « sévices graves envers les animaux ». Elle a aussi fustigé le développement d’« élevages intensifs » d’agneaux nouveaux-nés dans la filière Roquefort.

« Ouvrir un débat sur l’élevage »

La chaîne ovine de l’abattoir en question a été immédiatement fermée par le ministre de l’Agriculture qui a lancé une « inspection complète » des installations. L’interprofession de la viande Interbev a « condamné » les « pratiques inacceptables » de cet abattoir, son président Dominique Langlois estimant dans un communiqué qu’elles vont « à l’encontre des priorités que s’est fixée la filière élevage et viande engagée depuis 2017 dans une démarche de responsabilité sociétale collective ».

Lire aussi : Aveyron – Suspension de l’agrément de l’abattoir ovin de Rodez dénoncé par L214

Même condamnation des mauvais traitements pour le député LREM de la Creuse, lui-même éleveur bovin, Jean-Baptiste Moreau, qui a néanmoins critiqué les motivations de L214 : « le bien-être animal est un prétexte pour L214 qui veut en réalité l’interdiction de toute consommation de viande », a-t-il écrit sur Twitter. Greenpeace s’est défendue de vouloir abolir l’élevage. « Nous reconnaissons qu’une agriculture sans élevage ne peut pas être écologique », a assuré Suzanne Dalle à l’AFP : « Ce que nous visons, c’est la spécialisation des territoires et la concentration, et nous souhaitons ouvrir un débat sur l’avenir de l’élevage en France », a-t-elle dit.

Les responsables des filières avicoles et porcines mis en cause par Greenpeace ont souligné le modèle « familial » des capitaux des élevages français, face à leurs concurrents sur les marchés mondiaux, alors que les Français consomment de plus en plus de viande importée à bas coûts. « La surface des élevages de volailles en France est comprise entre 2 000 et 2 500 mètres carrés en moyenne, alors que la moyenne européenne est comprise entre 3 500 et 4 000 m2, quand ce n’est pas 80 000 m2 en Ukraine! », a déclaré à l’AFP Jean-Michel Schaeffer, président de l’interprofession des volailles de chair (Anvol) et éleveur de poulets Label rouge IGP Alsace. CIWF, une troisième ONG de défense des animaux d’élevage, qui milite pour leur bien-être (moins de cages, etc.), a de son côté annoncé la remise jeudi des Trophées du bien-être animal aux producteurs, distributeurs et transformateurs qui améliorent la condition des animaux d’élevage.