Nouvelle baisse des surfaces bio en 2024, légère reprise de la consommation


AFP le 12/06/2025 à 14:32
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Les superficies en bio ont reculé de 56 197 ha en 2024, à 2,7 millions d'hectares, après un recul de 54 248 ha en 2023, première année de recul depuis le début du bio. (© Pixabay)

La France a enregistré pour la deuxième année consécutive en 2024 une légère baisse des surfaces dédiées à l'agriculture biologique, qui représentent 10,1 % des surfaces agricoles, alors que la loi fixe un objectif de 21 % d'ici 2030, a annoncé jeudi l'Agence bio.

La consommation française de produits bio a elle rebondi (+ 0,8 %) après des années difficiles liées à l’inflation, atteignant 12,17 milliards d’euros en 2024, bien que les achats en grande distribution continuent de régresser.

Cela reste encore en dessous du pic de 2020 (12,83 milliards) et la part du bio dans les achats des Français stagne, a précisé l’agence chargée du développement, du suivi, de la promotion et de la structuration du secteur.

Face à cette situation, l’Agence Bio, menacée de disparition en début d’année dans le cadre du vote du budget puis amputée de son budget communication et de près de la moitié de son budget investissement il y a quelques semaines dans le cadre des économies du ministère de l’agriculture, a réitéré la « nécessité » de son maintien.

La France a perdu son leadership

Une fusion de l’Agence Bio avec FranceAgriMer ou l’Institut national de l’origine et de la qualité (Inao) fait partie des options envisagées par le gouvernement dans le cadre de son plan d’économies.

Interrogé sur une note interne du ministère de l’économie, relayée par l’Humanité et confirmant un appui du ministère des comptes publics à cette option, le président de l’Agence Bio Jean Verdier a déclaré lors d’une conférence de presse qu’il ferait « tout pour que l’équipe soit maintenue et qu’elle ait les moyens et les outils pour assurer sa mission ».

« Dans le détail, les surfaces bio ont reculé de 56 197 hectares en 2024, à 2,7 millions d’hectares, après un recul de 54 248 hectares en 2023, première année de recul depuis le début du bio.

La France a perdu son leadership puisque l’Espagne a désormais trois millions d’hectares (soit 12,5 % de sa surface agricole) en bio avec une croissance de 12 % en 2023. Le champion européen reste l’Autriche, avec 27,4 % de sa surface agricole en bio, mais celle-ci est nettement inférieure en hectares.

Le solde net d’agriculteurs bio reste positif

« On a surtout perdu des surfaces de grandes cultures » alors que celles-ci représentent le potentiel de développement du bio le plus important vu leur place dans la production française par rapport au maraîchage qui utilise des surfaces plus petites, a déclaré la directrice de l’Agence Bio, Laure Verdeau.

La viticulture, jusqu’ici bonne élève dans son taux de conversion mais confrontée à des crises multiples, a vu ses surfaces en bio régresser en 2024. Tous les cheptels bio, à l’exception des brebis laitières, ont aussi diminué et cette baisse a « certainement » été amplifiée par les épizooties, est-il précisé dans un communiqué.

En revanche, le solde net d’agriculteurs bio, c’est-à-dire la différence entre les agriculteurs nouvellement convertis et ceux qui quittent ce mode de production, reste positif (+ 1 %) grâce à 4 431 nouvelles fermes bio soit un peu moins de 15 % des fermes françaises.

La part de bio dans les achats alimentaires ne progresse pas

Côté consommation, les dépenses des ménages en bio sont en croissance de 0,8 % en valeur par rapport à 2023, à 12,17 milliards d’euros, avec une « inflation limitée », selon le président de l’agence Jean Verdier. L’agence souligne l’ajout de « 826 millions d’euros de débouchés en restauration hors domicile et 1,2 milliards d’euros d’export de produits bio » comme le vin, les fromages ou encore les pommes.

Mais la part du bio dans les achats alimentaires des Français ne progresse pas et reste à 5,6 %. Pour relancer la consommation, l’agence a lancé une vaste campagne de publicité à l’occasion des 40 ans du label agriculture biologique, mais son avenir après 2025 est incertain face aux coupes budgétaires.

« On voit un dynamisme certain de la consommation, en particulier en épicerie pour le début 2025 », se réjouit Jean Verdier, notant le maintien de la croissance dans les circuits spécialisés et un « regain » dans les enseignes de proximité de la grande distribution.

Cette reprise de la consommation combinée à une baisse des surfaces inquiète l’agence quant à la potentielle progression des importations de produits bio, qui représentent 29 % des produits bio consommés, surtout du chocolat, du café ou des fruits exotiques.