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Éolien en mer

Manifestation des pêcheurs en Normandie


AFP le 24/09/2021 à 18:35

Près de 400 pêcheurs ont selon la police manifesté vendredi au Havre et à Cherbourg contre l'installation d'éoliennes maritimes.

À Cherbourg, les manifestants ont bloqué pendant un peu moins d’une heure la sortie des véhicules d’un ferry, a constaté un correspondant de l’AFP. Ils ont également déversé des poissons devant l’entrée du comité local des pêches, a constaté un photographe de l’AFP. Ils étaient environ 250 selon la police.

« À bas les éoliennes », « marins-pêcheurs en colère », ont crié à plusieurs reprises quelques un des 150 pêcheurs qui ont défilé dans les rues du Havre. La plupart des manifestants étaient normands mais quelques pêcheurs bretons avaient fait le déplacement à Cherbourg et quelques pêcheurs de Boulogne-sur-Mer (Pas-de-Calais) au Havre.

La présidente de Sea Shepherd France Lamya Essemlali a également manifesté aux côté des pêcheurs au Havre pour « défendre la vie marine qui va être mise à mal par les éoliennes », comme elle l’a dit publiquement au directeur interrégional de la mer Manche Est-Mer du Nord, Hervé Thomas, qui a reçu une délégation de manifestants.

« Dans la mer du Nord, il n’y a plus un poisson »

L’association de défense de l’environnement Robin des bois était également représentée pour dire « non à la vente des mers ». « Non à la mort de la pêche artisanale », pouvait-on lire sur une banderole au Havre, où un mannequin pendu en ciré jaune affichait « arrêtons le massacre ».

Maxime Leroy, jeune patron-pêcheur d’un bateau de 16 m à Boulogne explique avoir fait sept heures de mer pour manifester au Havre. « Les pêcheurs vont crever la faim », « les Anglais viennent pêcher chez nous mais nous on n’a nulle part où se rabattre », ajoute-t-il. « Depuis 15 ans, ils ont mis des éoliennes dans la mer du Nord, il n’y a plus un poisson. C’est pour ça que l’hiver les Hollandais viennent pêcher chez nous », estime Franck Rutten, pêcheur havrais.

Pour son collègue André Tesson, « c’est un ras le bol total. Les éoliennes c’est la goutte d’eau » qui a fait déborder le vase. « C’est plutôt un pavé dans la mare, un dossier plus important que le Brexit », enchaîne Olivier Becquet gérant d’une coopérative de 77 bateaux qui fréquentent le Tréport. « On n’en a rien à faire du Brexit. On est ici pour (un moratoire sur) les éoliennes », a lancé un autre pêcheur.

« Les éoliennes ne doivent pas remplacer les pêcheurs »

Au large du Tréport, « ils veulent mettre un parc éolien en pleine zone de reproduction, dans le plus grand gisement d’amandes d’Europe », s’indigne M. Becquet. Les éoliennes « esquintent le milieu », estime cet adhérent CFTC qui explique être allé sur un parc éolien offshore en Angleterre et être « en contact avec nos collègues belges allemands et hollandais ».

Dans la matinée, environ 90 bateaux de pêche en tout avaient manifesté dans les ports de Cherbourg et du Havre en faisant résonner leur cornes de brume et en allumant des fumigènes. « Les éoliennes ne doivent pas remplacer les pêcheurs », « non au saccage de nos zones halieutiques », pouvaient-on lire sur les banderoles accrochées sur certains bateaux.

Contrairement à nombre de pays européens comme le Royaume-Uni, l’Allemagne, le Danemark ou la Suède, la France ne compte encore aucun parc éolien au large de ses côtes. Mais au moins huit sont en projet, dont quatre au large de la Normandie. Cette énergie est prônée par le gouvernement comme par des associations écologistes comme Greenpeace afin de faire face au dérèglement climatique. Dans leur communiqué de presse, les organisateurs de la manifestation plaident eux pour l’énergie nucléaire, très présente en Normandie.