Les surfaces et la collecte de céréales bio françaises ont dégringolé
TNC le 10/07/2025 à 12:00
Les surfaces de céréales bio poursuivent leur repli, et la chute de la collecte atteint environ 40 % sur la campagne de commercialisation 2024/25, amplifiée par les déconversions et la moisson 2024 difficile. FranceAgriMer souligne un bilan « tendu mais qui parvient à couvrir les besoins du marché », et plusieurs « signaux positifs ».
Selon les dernières données de l’Agence bio, les surfaces en céréales biologiques (certifiées et en conversion) continuent leur dégringolade. Elles ont chuté de 12,6 % en 2024 par rapport à 2023, à 480 271 ha. L’effondrement des surfaces en conversion, qui a commencé en 2020 et s’est amplifié en 2022, est très marqué : moins de 32 000 ha en 2024 contre plus de 167 000 ha en 2019.
« On note une baisse un peu généralisée dans toutes les régions, surtout au niveau des bassins historiques du Sud et du Sud-Ouest », pointait mi-juin Emna Troudi, chargée d’études économiques sur les céréales biologiques, lors d’un point de conjoncture organisé mi-juin par FranceAgriMer. L’Occitanie a ainsi perdu 21 % de ses surfaces en céréales bio sur un an.
Le recul continu des surfaces se traduit logiquement par une nette contraction des volumes collectés. Au 1er mai 2025, la collecte sur les dix premiers mois de la campagne de commercialisation 2024/25 atteignait 529 000 t, en baisse de 39 % par rapport à la même période de la campagne précédente.
Et les volumes issus des deuxièmes années de conversion (C2) ne représentent plus que 2 % du total, contre 33 % sur 2019/20. En cause : « la chute des surfaces emblavées et des problèmes de qualité qui ont favorisé les déclassements ».
Les importations explosent
D’après les bilans prévisionnels établis par FranceAgriMer, la collecte des quatre principales céréales bio se réduirait de 41 % sur l’ensemble de la campagne 2024/25 par rapport à 2023/24, à 455 000 t. La baisse est surtout marquée pour le blé tendre (- 52 %, à 205 000 t) et le triticale (- 48 %, à 47 000 t), moins pour l’orge (- 33 %, à 66 000 t) et le maïs (- 11 %, à 137 000 t).
Ce recul s’explique surtout par « un effet rendements, des non-mises en culture suite à une campagne climatiquement très difficile, en plus des déconversions », note Emna Troudi.
De leur côté, les importations de céréales bio explosent : à 1 623 t sur la campagne 2023/24, elles passent à 58 500 t cette campagne, dont 50 000 t de blé tendre.
En ce qui concerne les utilisations, on assiste à une petite hausse des volumes de blé bio à destination de la meunerie (+ 2 % par rapport à la campagne passée). FranceAgriMer s’attend aussi à un léger progrès global (+ 4 %) des utilisations en fabrication d’aliments du bétail (FAB), portées par le maïs (+ 21 %) et l’orge (+ 25 %).
Le volume d’orge bio pour la malterie devrait se contracter de 9 % cette campagne, ce qui s’explique surtout « par la baisse des volumes collectés, par des problèmes de qualité ayant entraîné une hausse du taux de déclassement, et par la baisse générale de la consommation, avec un retour vers la bière industrielle », reprend Emna Troudi.
« Le bilan est tendu, mais il parvient à couvrir les besoins »
Elle souligne aussi une baisse de 43 % des utilisations de céréales bio pour le poste « semences », lié à la fois au repli de la production, à des problèmes de qualité et « à des problèmes de trésorerie qui ont favorisé l’utilisation des semences de ferme ».
Les exportations baissent de 66 %, à 40 000 t, et le stock de fin de campagne devrait s’établir autour de 146 000 t, un recul de 32 % par rapport à 2023/24. « Le bilan est tendu, mais il parvient à couvrir les besoins de marché, surtout en meunerie et en FAB. Il s’équilibre de plus en plus, avec une campagne 2025/26 qui démarre dans des conditions meilleures que la précédente », ajoute-t-elle.
Elle signale aussi « la stratégie des opérateurs de la filière à prioriser les céréales françaises par rapport aux importations, ce qui a bien allégé les stocks ».
Autres signaux positifs pour les céréales bio françaises : la reprise de l’activité des FAB et leurs efforts pour s’adapter à la production française, une bonne dynamique de la meunerie portée par la boulangerie artisanale, et un stock de maïs suffisant jusqu’à l’automne.
Quant aux prix, Emna Troudi décrit une tendance à la hausse pour le blé tendre sur la campagne 2024/25, « avec une tonne aux alentours de 500 euros depuis le début de l’année 2025 ».