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Le prix du lait bio en hausse, la baisse de collecte continue
TNC le 02/10/2023 à 08:02
Courbe de vente des produits laitiers bio
La baisse de la collecte de lait bio permet une diminution des volumes déclassés. Parallèlement, le prix amorce enfin une remontée. C’est la tendance exposée par le Cniel dans son bulletin de conjoncture du 28 septembre.
La collecte de lait bio est toujours en chute. « Sur les sept premiers mois de l’année, la baisse cumulée confine aux 4 % », rapporte Corentin Puvilland, économiste au Cniel, dans un bulletin de conjoncture en date du 28 septembre. Elle a même reculé de 6,8 % en juillet 2023 par rapport à juillet 2022. Un chiffre cependant modéré par une augmentation des taux de matière grasse du lait, grâce à laquelle la baisse de collecte de matière utile n’est que de 2,5 % sur les sept premiers mois de l’année.
Un recul multifactoriel
Cette tendance a plusieurs causes. Elle est d’abord due à la baisse du nombre de livreurs. « Les conversions en cours sont marginales », rapporte Corentin Puvilland. « La collecte devrait donc continuer à baisser au rythme des cessations d’activité ».
En juillet, la baisse du nombre de producteurs bio a en effet rattrapé celle de ceux qui sont en conventionnel. Pourtant, les études démographiques publiées par l’Idele montrent que le profil des éleveurs bio est moins déséquilibré que celui de l’ensemble des éleveurs laitiers : environ 28 % d’entre eux ont plus de 55 ans alors qu’ils sont 33 % dans l’ensemble des producteurs de lait. « Cette accélération des cessations d’activité est donc en grande partie liée aux difficultés que subit la filière », analyse l’expert.
Les cessations d’activité ne sont cependant pas seules responsables. Depuis mars, la collecte chute dans toutes les régions de France, y compris celles où le nombre de producteurs est stable. « Dans les Pays de Loire et la Bretagne, qui sont les deux premières régions productrices, le décrochage est spectaculaire à cause d’une baisse de la productivité », rapporte Corentin Puvilland. « La production par vache décroche en raison d’une mauvaise qualité des fourrages et d’un rationnement des concentrés, dont le prix est très élevé en bio ».
Moins de lait déclassé
En grandes et moyennes surfaces, les ventes de produits laitiers bio continuent de diminuer dans toutes les catégories. En équivalent lait, cela représente 12 % sur les sept premiers mois de l’année. Ce alors que les ventes de produits laitiers conventionnels sont stables, malgré l’inflation.
« Par ailleurs, d’après les données de Gira Food, les achats de produits laitiers bio par la RHD ont augmenté de 67 % en volumes au cours de l’année 2022 », révèle Corentin Puvilland. Ils passent de 30 à 50 millions de litres équivalent lait. Cela signifie, en valeur, 8 % des achats de produits laitiers. Même si cela ne représente que 4 % de la collecte bio, une application effective des lois Egalim et Climat et résilience permettrait d’absorber entre 80 et 120 millions de litres supplémentaires. Une piste pour diminuer les déclassements.
La courbe des volumes déclassés, qui avait atteint environ 35 % en 2022, semblait continuer dans cette voie début 2023. « Mais depuis avril, d’après nos estimations, l’écart a cessé de se creuser car la collecte a autant diminué que la consommation », note Corentin Puvilland.
Sur un an glissant, la consommation des produits laitiers bio par les ménages n’a pourtant absorbé que la moitié du lait collecté, contre près de 75 % en 2020. Heureusement, les 50 % restants ne sont pas entièrement déclassés parce qu’ils sont en partie commercialisés à l’export ou valorisés en ingrédient bio.
Un prix qui remonte enfin
Après avoir stagné en 2022 malgré la flambée des charges opérationnelles, le prix du lait bio progresse enfin depuis l’automne dernier, avec une forte disparité entre les laiteries. La moyenne s’établit à 508 €/ 1 000 litres sur les 12 derniers mois et la progression est de 7 % depuis le début de l’année par rapport à l’année précédente. « Cette revalorisation pourrait s’expliquer par la transmission de la hausse des coûts de production à l’aval, dans un contexte de lourd déclassement de lait bio et de chute des cours mondiaux des ingrédients laitiers qui pèsent sur la valorisation du lait bio collecté », conclut Corentin Puvilland.
