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En parallèle de la COP28

Lancement de la « COP régionale » du Centre-Val de Loire


AFP le 09/12/2023 à 11:42

Loin de Dubaï, où se tient la COP28, se tisse dans la vallée de la Loire une « maille locale » de la lutte contre le changement climatique, avec l'idée de porter « un nouveau modèle de développement » et « le plaisir » de bâtir une planète durable.

Le lancement de la « COP régionale » du Centre-Val de Loire début décembre, dans un auditorium bondé d’Orléans, se veut un moment d’espoir et de francs échanges. « Il y a une COP (internationale) des objectifs et une COP des solutions qui, elle, est sur le territoire », résume François Bonneau, président socialiste de la région. Devant le ministre de l’agriculture Marc Fesneau et le secrétaire général à la planification écologique Antoine Pellion, venus de Paris inaugurer cette conférence locale des parties, il rappelle que sa région ne part pas de zéro.

Le Centre-Val de Loire, première région céréalière d’Europe et dont un quart du territoire est couvert de forêts, a lancé dès 2019 sa « COP régionale », partant du constat que « la maille locale est indispensable pour atteindre les objectifs » de neutralité carbone d’ici à 2050. François Bonneau met en avant « le plaisir » à bâtir une planète durable. En quatre ans, sa région a lancé de nombreux chantiers, passant de 15 à 40 % de financements dédiés à la transition écologique.

« À 4°C de plus »

« Aujourd’hui, il y a cette conviction de l’État », se réjouit-il, inaugurant donc pour la deuxième fois cette conférence. Cette fois, le cadre est national : la Première ministre Elisabeth Borne a annoncé fin septembre le lancement de ces « COP régionales », co-animées par les présidents et préfets de région, dont l’objectif est d’« aboutir à un plan d’action partagé avec tous, d’ici l’été prochain ».

Micro en main, la préfète Sophie Brocas veut d’abord répondre aux tenants du statu quo, ceux qui pensent que « c’est trop tard » pour agir ou qui « minimisent ». « Et si nous ne faisions rien? », lance-t-elle, avant de donner la parole à des experts de l’eau, du climat, de la biodiversité ou de la santé qui, en cinq minutes chacun, dressent le portrait de la région en 2050.

« A 4°C de plus », racontent-ils, Orléans aura le climat de Calvi (Corse), l’étiage de la Loire se réduira de 25 %, ce qui à terme posera question pour le refroidissement des centrales nucléaires. Les truites seront vouées à disparaître, le rendement du blé chutera, et des maladies tropicales comme la dengue se répandront.

Un levier agricole sur le territoire

C’est alors au tour d’Antoine Pellion de poser l’objectif pour le Centre-Val de Loire : « une réduction de 9 millions de tonnes CO2 par an d’ici 2030, soit 5 % de l’effort national ». Cela veut dire 1 200 hectares de prairies en plus, passer de 14 000 à 230 000 véhicules électriques, diviser par quatre le nombre de résidences principales chauffées au fioul, réduire de 20 % les déchets des ménages et de 40 % les émissions industrielles…

Pour le vice-président régional délégué au climat, Jérémie Godet, il y a clairement un levier agricole sur son territoire : « Quand on voit que près de 50 % des émissions de CO2 de l’agriculture sont liées aux engrais, il faut soutenir l’agriculture bio. »

Dans la salle, Éric Thirouin, président de la chambre d’agriculture d’Eure-et-Loir et patron des céréaliers de France, complimente « le super boulot » du « M. Planification » du gouvernement, mais attaque sur le bio, dont la consommation recule face à l’inflation. « Si on multiplie par trois ou quatre les producteurs en bio, on est sûr de flinguer à la fois les agriculteurs bio – qui n’auront pas de débouché – et la transformation indispensable des 85 % autres producteurs », argue-t-il.

La région plaide pour une politique d’achat volontariste des collectivités, en passant par exemple la part du bio dans les cantines scolaires de 15 % aujourd’hui à 50%.

La salle est partagée entre murmures d’approbation et moues sceptiques. Sur la transition énergétique, Jacques Pallas, maire d’une commune rurale de l’Indre, estime lui qu’il faudrait « aller plus vite sur l’éolien ». « Si on passe en force, ça ne marchera pas », tempère Antoine Pellion. Les élus locaux opinent du chef. La préfète Sophie Brocas explique son plan : labourer le terrain, mobiliser chacun à son niveau, des particuliers aux entreprises, « comme disait Confucius, pour bouger une montagne, il faut commencer par bouger les petites pierres ».