Lait bio : le nombre de producteurs redescend au niveau de 2020


TNC le 18/04/2025 à 10:13
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(© TNC)

Les arrêts d’activité en bio se sont accélérés ces derniers mois, alors que la progression du prix du lait bio peine à suivre celle du conventionnel. Dans le même temps, les référencements de produits AB en magasin se stabilisent et portent l’espoir d’une embellie.

Dans la Conjoncture Bio, publiée chaque trimestre par le Cniel, Corentin Puvilland fait le point sur l’évolution du nombre de livreurs. Et d’après l’économiste, « les arrêts d’activité en lait bio ont continué de s’accélérer ces derniers mois ». En janvier 2025, la France comptait 6 % de livreurs bio en moins par rapport à la même période en 2024. Depuis le pic de collecte enregistré en 2022, la filière a perdu 14 % de ses apportants.

Certaines régions sont plus touchées que d’autres. En tête de liste figurent les Hauts-de-France, la Nouvelle-Aquitaine ou encore l’Auvergne-Rhône-Alpes. Dans ces secteurs, « c’est près d’un producteur bio sur cinq qui a soit complètement arrêté le lait, soit choisi de revenir au conventionnel », commente l’économiste sur la période 2022-2025.

La baisse du nombre d’apportants se traduit mécaniquement pas une baisse de la collecte : – 4,4 % en 2024, un recul équivalent à celui de 2023. « Sur un an glissant, la collecte de lait bio est redescendue à 1,17 milliard de litres, soit une perte de 120 millions par rapport à son niveau record de 2022 ».

La France est revenue au nombre de producteurs de lait bio qu’elle comptait début 2020. (© Cniel)

Un contexte sanitaire lourd

Au regard des chiffres de janvier 2025, la tendance reste au repli. Sur le seul mois de janvier 2025, la France enregistre une baisse de collecte de près de 9 % par rapport à janvier 2024. Mais ces chiffres sont à mettre en perspective avec le contexte sanitaire. « Les régions touchées par le passage de la FCO-3, comme les Hauts-de-France, la Bourgogne-Franche-Comté ou encore le Grand Est, affichent un reflux de production important ». Ailleurs dans le Grand Ouest, le recul apparaît plus contenu, et la région Centre-Val de Loire fait même exception avec une progression de son cumul annuel.

Vers une embellie en rayon ?

L’économiste donne des raisons d’entrevoir la lumière au bout du tunnel. « Dans les magasins spécialisés, la consommation a rebondi ». D’après la revue spécialisée « circuit bio », les 16 principales enseignes bio affichent une croissance du marché de plus de 7 % dans un contexte de stabilisation des prix.

Mais dans les circuits généralistes, la consommation reste en repli. La baisse commence toutefois à s’atténuer. « Après un recul de 11 % en 2023 puis de 8 % en 2024, les deux premières périodes de l’année 2025 n’enregistrent qu’une diminution de 3 % en volume équivalent lait », poursuit Corentin Puvilland.

Dans les GMS, un grand nombre de produits bio ont été déréférencés. « Depuis 2021, le nombre moyen de références bio a baissé de 8 % pour le lait liquide, et de près de 40 % pour les fromages. » À l’exception de la catégorie des fromages, la baisse du nombre de références commence à s’enrayer, avec de timides retours en rayon depuis le début de l’année 2024. « Cette stabilisation laisse espérer une amélioration de la situation dans les prochains mois. »

D’autant que sur d’autres marchés européens, le lait bio est en expansion. « En Allemagne, les ventes de lait liquide bio s’établissent à des niveaux records alors que le lait de consommation est en déclin », remarque l’économiste. La part de marché du bio s’approche maintenant des 15 % sur le segment du lait de consommation. Autrement dit, l’image des produits bio outre-Rhin reste au beau fixe.

Un écart de prix bio/conventionnel décevant

Côté prix payé au producteur, l’économiste craint un resserrement de prix entre bio et conventionnel. « En 2024, leprix réel du lait bio payé aux éleveurs a augmenté de 1 % sur un an, après avoir progressé de 5 % en 2023. » Sur 12 mois glissants, il s’est établi à 517 €/1 000 l, soit 45 € de plus que le conventionnel sur la même période.

Sur les derniers mois, l’écart entre prix du lait bio et prix du lait conventionnel se contracte. (© Cniel)

Mais en janvier 2025, porté par des cotations beurre au plus haut, le prix réel du lait conventionnel s’établissait à 503 €/1 000 l (+ 7 % sur un an). « Sur la même période, le prix du lait bio n’a augmenté que de 2 % à 544 €/1 000 l en janvier. »