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Suite à la vidéo de L214

L’agrément d’un abattoir aveyronais suspendu


AFP le 25/06/2020 à 09:45

Le ministère de l'agriculture a suspendu mercredi l'agrément d'une société de l'Aveyron évoquant des « pratiques inacceptables », peu après la diffusion d'une vidéo par l'association de défense des animaux L214, montrant des agneaux égorgés dans de mauvaises conditions.

Après avoir pris connaissance de ces images, le ministère a annoncé la suspension « immédiate » de l’agrément de la chaîne ovine de cet abattoir de Rodez et une « inspection complète » des installations « ce jour par les services de l’État », dans un communiqué.

Il souligne que la vidéo diffusée par L214 montre « des pratiques inacceptables avec des manquements graves aux règles de protection animale ». Interrogé par l’AFP, le ministère n’a pas précisé la nature des manquements relevés par ses services.

L’entreprise mise en cause, Arcadie Sud-Ouest, n’a pas répondu aux sollicitations de l’AFP.

À l’unisson du ministère, l’interprofession du bétail et des viandes Interbev « condamne fermement ces pratiques inacceptables au regard des réglementations en vigueur tant du point de vue sanitaire que de la protection animale et déplore qu’une telle situation puisse encore survenir au sein de la filière ».

« Si l’enquête administrative confirmait un ou plusieurs manquements aux réglementations en vigueur, Interbev se constituera partie civile contre l’opérateur en réponse aux préjudices subis par la filière élevage et viande », ajoute l’organisation.

Selon l’association antispéciste L214, qui a publié des dizaines de vidéos dénonçant les pratiques d’élevage et d’abattage, « un agneau est abattu toutes les 10 secondes » dans cet établissement de l’Aveyron où sont pratiqués l’abattage rituel et conventionnel.

Sur la vidéo, un montage de séquences brèves, on voit notamment des agneaux être égorgés alors qu’ils sont tassés et apparemment mal immobilisés.

« Les mauvaises pratiques et les cadences infernales entraînent la saignée et l’accrochage d’agneaux encore totalement conscients », dénonce L214.

L’association dit porter plainte pour « sévices graves envers des animaux » et poursuivre l’État « pour manquement à sa mission de contrôle de l’application de la réglementation ».

L214, qui rappelle que les services vétérinaires avaient constaté des « non conformités majeures » en 2016, voit dans la persistance de manquements une « démonstration flagrante du laxisme de l’État ».

La filière Roquefort interpellée

L’association demande aussi la modification du cahier des charges de l’appellation d’origine Roquefort.

Pour produire le lait qui sera transformé en Roquefort, les brebis doivent donner naissance à des agneaux, rappelle-t-elle, estimant que sur plus d’un million d’agneaux qui naissent dans la filière chaque année, un quart des animaux sont gardés pour renouveler le cheptel, les autres étant envoyés dans des élevages intensifs puis à l’abattoir.

« Comme c’est le cas pour les brebis, il devrait être interdit d’enfermer les agneaux toute leur vie dans des bâtiments fermés sans accès au pâturage », juge L214, qui milite aussi pour l’interdiction de la mise à mort sans étourdissement des animaux d’élevage, autorisée sur dérogation pour l’abattage rituel.

La Confédération générale des producteurs de lait de brebis et des industriels de Roquefort soulignait mercredi que l’élevage des agneaux « issus du bassin laitier » était « une filière à part entière, indépendante ». « Si L214 met au jour des pratiques inacceptables, la filière Roquefort saura le cas échéant prendre position », promet-elle.

Dans un communiqué, la Coordination rurale, 2e syndicat agricole, « déplore que les dérives de certains établissements d’abattage impactent l’ensemble de la filière et donc les éleveurs, même si ces pratiques revêtent un caractère exceptionnel ».

L’organisation « demande que des comités de surveillance incluant des éleveurs soient mis en place dans tous les abattoirs, afin que ces derniers aient un droit de regard sur les pratiques des établissements ».