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Bien-être animal

L214 demande l’interdiction de l’abattage sans étourdissement


AFP le 11/04/2024 à 10:50

L'association de défense des animaux L214 a demandé jeudi, en pleine fête de fin du ramadan, l'interdiction de l'abattage sans étourdissement, rituel visant à produire de la viande halal ou casher, après la diffusion d'images de « cruautés » dans un abattoir de Bourgogne.

Une vidéo diffusée par l’association et filmée dans l’abattoir Bigard de Venarey-les-Laumes (Côte-d’Or) en mars montre des bovins saignés à vif, non pas par un seul geste de cisaillement de la gorge comme le veut la pratique, mais « avec des retours dans la plaie ouverte à la lame ou à la main », dénonce L214.

Tandis que les animaux doivent rester immobilisés après l’égorgement jusqu’à l’état d’inconscience, ils sont transportés et suspendus, montrant « des signes de conscience évidents ». « Certains sont en panique totale », selon L214 qui stigmatise des « cruautés » et une « violence délibérée ».

Avant l’abattage, des animaux sont frappés dans l’enclos d’attente, l’un d’eux recevant « en une minute plus de 20 coups violents sur le corps et la tête ».

L214 a porté plainte contre l’abattoir et demandé sa fermeture à la préfecture. Le procureur de Dijon, Olivier Caracotch, a confirmé avoir reçu la plainte, indiquant qu’elle serait « examinée rapidement ».

La préfecture a quant à elle assuré que cet abattoir « fait l’objet d’un contrôle permanent » et que les services vétérinaires se rendront dès jeudi matin dans l’établissement « afin d’évaluer la situation et la nécessité de mettre en oeuvre des mesures correctives ».

En plein Aïd el-Fitr, fête qui peut durer plusieurs jours après la fin du ramadan intervenue mercredi, L214 exige également l’abolition de la dérogation autorisant les abattages d’animaux sans étourdissement. L214 dit souhaiter discuter de ce rituel avec des représentants de la Grande Mosquée de Paris notamment et du Consistoire de France.

Dérogation

La pratique est déjà abolie dans plusieurs pays d’Europe : Danemark, Norvège, Finlande, Suède, Luxembourg, Suisse. Elle est également interdite en Belgique (hors région de Bruxelles-Capitale), une mesure qu’a validée la Cour européenne des droits de l’Homme en février 2024.

La réglementation européenne exige que l’abattage d’animaux soit fait « uniquement après étourdissement », la bête étant maintenue « dans un état d’inconscience et d’insensibilité jusqu’à sa mort ». Mais une dérogation est prévue pour le marché halal et casher.

Des musulmans pourront aussi « être choqués par ces images », a souligné Bérénice Riaux, porte-parole de L214, qui dit s’être entretenue à ce sujet avec le recteur de la Grande mosquée de Lyon, Kamel Kabtane. « Mais il n’y a pas eu de remise en question » de ce rite, a-t-elle ajouté.

Interrogé par l’AFP, M. Kabtane a assuré qu’il « regrettait » la situation montrée dans les images de L214. « Nous musulmans, nous avons le sens du respect de l’animal », a-t-il déclaré, rappelant que « les sacrificateurs sont formés au respect de l’animal ». « Une bête ne doit pas souffrir, ne doit pas être maltraitée », a-t-il ajouté.

A l’association L214, dont « l’objectif est de faire de nous des végétaliens », « je leur ai dit que dans le contexte actuel ça va servir d’alibi au Rassemblement national », a-t-il poursuivi.

Sollicité par l’AFP, le groupe Bigard a indiqué devoir analyser la vidéo avant tout commentaire.

Dans un communiqué, l’Oeuvre d’assistance aux bêtes d’abattoir (OABA) a fait part de son « dégoût » face aux images tournées.

« Les images diffusées ce jour ouvriront-elles enfin les yeux de nos gouvernants les poussant ainsi à agir ? », s’est demandée l’association de défense des animaux. « La patrie des droits de l’Homme n’est assurément pas celle des droits des animaux », dénonce-t-elle.

Sollicité sur le sujet, le ministère de l’Agriculture a assuré que les « mesures correctives » et les éventuelles sanctions « administratives ou pénales pour cet abattoir seront déterminées » après les conclusions de l’inspection de la préfecture jeudi matin. Il a par ailleurs rappelé avoir « renforcé les contrôles » dans les abattoirs depuis 2021, notamment via la création d’une brigade d’intervention nationale.