Avis de l'Anses

Fongicides SDHI : pas de « risque inacceptable » pour les consommateurs


AFP le 06/12/2023 à 09:50

L'agence sanitaire Anses a estimé dans des avis publiés mardi que les fongicides controversés SDHI ne présentaient pas de « risque inacceptable » pour les consommateurs mais a recommandé que plusieurs valeurs toxicologiques de référence relatives à ces produits soient ajustées.

Les SDHI (inhibiteurs de la succinate déshydrogénase) sont utilisés pour détruire les moisissures ou champignons qui se développent sur les céréales ou les fruits ainsi que dans l’entretien de certaines pelouses. À ce jour, 11 substances SDHI sont approuvées au niveau européen.

Après une tribune de scientifiques en 2018 s’alarmant des risques potentiels de ces produits pour la santé des humains, exposés notamment via la nourriture, l’Anses avait estimé en 2019 qu’il n’y avait « pas d’éléments en faveur d’une alerte sanitaire » mais annoncé qu’elle continuerait ses investigations.

Dans un avis publié mardi sur les risques liés à l’exposition chronique des consommateurs français à ces substances arrivées principalement dans les champs dans les années 2000, l’Anses explique avoir utilisé deux méthodes distinctes d’évaluation du risque cumulé. Et les deux méthodes « montrent qu’il n’est pas attendu de risque inacceptable pour les consommateurs », conclut l’Anses.

Dans un avis séparé, l’Anses recommande toutefois d’ajuster 11 des 39 valeurs toxicologiques de référence (VTR), soit les doses à ne pas dépasser pour préserver la santé humaine pour un usage spécifique et une durée donnée, qu’elle a étudiées dans le cadre de l’examen des SDHI.

L’agence justifie ces changements par la requalification de niveaux de doses pour lesquelles des effets indésirables sont observés, ainsi que par « la sélection d’études clés jugées plus pertinentes » ou « l’ajout d’un facteur d’incertitude supplémentaire ».

L’Anses prévoit de porter ses recommandations au niveau européen afin qu’elles soient « prises en compte lors des réévaluations des substances actives concernées ».

L’agence émet par ailleurs plusieurs recommandations pour améliorer les recherches sur les modes d’action des SDHI et leurs conséquences sanitaires éventuelles. Elle-même mène plusieurs études sur le sujet, intégrant par exemple les SDHI dans l’étude sur l’alimentation qui évalue l’exposition des populations à des substances chimiques présentes dans les aliments.

Dans son avis, l’agence publie aussi la position de deux membres du groupe de travail sur les SDHI critiquant la façon dont l’expertise a été menée.

Elle estime toutefois n’avoir pas identifié de « manquement ou de pratique s’écartant des principes fondamentaux de l’expertise qu’elle met en œuvre et décline par ses processus de travail ».  Dans un rapport publié en mars, le conseil scientifique de l’Anses s’inquiétait d’une contestation croissante de la crédibilité de l’expertise de l’agence et appelait alors l’Anses à réformer en profondeur ses procédures.

Le conseil scientifique avait alors concentré son analyse sur trois cas, l’herbicide glyphosate, les insecticides néonicotinoïdes et les fongicides SDHI.