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Changement climatique

De nouveaux cépages, mais « sans révolutionner » le bordeaux


AFP le 05/10/2021 à 12:20

Des touriga, marselan, alvarinho à dose homéopathique... En expérimentant six nouveaux cépages, dont des sudistes, dans les appellations AOC bordeaux et bordeaux-supérieur, le vignoble bordelais veut anticiper « tranquillement » le changement climatique, sans dénaturer son caractère.

La réflexion est partie de la canicule de 2003, « un choc » pour Bernard Farges, président de l’interprofession des Bordeaux, le CIVB, encore marqué par le souvenir de vendanges avancées à fin août, « une première ».

Si ce millésime 2021 n’a pas été marqué par les sécheresses record des dernières années, « l’évolution climatique fait qu’il y a des besoins d’expérimenter des cépages plus tardifs », assure le viticulteur.

« Avec le changement climatique, on obtient des vins plus lourds en alcool, qui ne sont pas adaptés au marché, notamment celui des jeunes », ajoute Stéphane Gabard, président du syndicat des bordeaux et bordeaux-supérieur (4 300 adhérents).

En février, les appellations bordeaux et bordeaux-supérieur ont autorisé leurs viticulteurs à intégrer dans leur production AOC six nouveaux cépages éloignés de leurs traditionnels merlot et cabernets. Certains grandissent au Portugal comme les touriga nacional et alvarinho, d’autres en Languedoc et Vallée du Rhône comme le marselan.

« C’est une vraie évolution dans les AOC, mais on veut y aller tranquillement, on ne veut pas laisser à penser qu’on va changer la typicité de nos vins », souligne Bernard Farges. L’adaptation se fera en douceur : la proportion de ces nouveaux cépages ne pourra pas excéder 5 % de la surface plantée et 10 % du produit final. Une centaine de viticulteurs se disent intéressés.

Précurseur, à Bommes, le viticulteur Bernard Réglat, propriétaire du château de la Mazerolle la Gravelière, et de 70 hectares sur plusieurs appellations, expérimente de nouveaux cépages tardifs depuis 2016 sur une infime parcelle.

Jusqu’ici exploités en Vins de France, ils pourront désormais être valorisés en AOC bordeaux et bordeaux-supérieur.

Le viticulteur a misé sur deux croisements français méconnus à Bordeaux, le marselan et l’arinarnoa, avec l’espoir avant tout de se « différencier » et « d’amener de la fraîcheur et de la finesse » à des vins parfois devenus « brûlants en bouche ». Pas question de « révolutionner le bordeaux, on reste toujours dans la tradition », souligne le viticulteur qui prévoit en 2022 de planter du touriga nacional.

D’autres appellations bordelaises attendent de se lancer comme le prestigieux médoc…