Accéder au contenu principal
Phyto

Chlordécone aux Antilles : il faut poursuivre la recherche, préconise un rapport


AFP le 03/03/2023 à 16:15

Il est nécessaire de poursuivre la recherche sur les conséquences de l'utilisation du chlordécone aux Antilles, mais également de repenser la communication sur les effets de ce pesticide, préconise un rapport sénatorial publié vendredi.

En France, cette molécule a été employée en Guadeloupe et en Martinique entre 1972 et 1993 pour lutter contre l’invasion du charançon dans les plantations de bananes. En raison d’une dégradation naturelle lente, cette molécule contamine toujours les parcelles sur lesquelles elle a été utilisée.

L’infiltration des eaux diffuse cette pollution aux nappes souterraines, aux rivières et au milieu marin, et de nombreux végétaux et animaux se trouvent eux aussi contaminés, impactant les hommes à travers la chaîne alimentaire.

Si des progrès ont été réalisés dans la connaissance des atteintes environnementales et sanitaires liées au chlordécone, « les résultats obtenus depuis 2009 ne sont cependant pas à la hauteur de la situation », selon l’Office parlementaire d’évaluation des choix scientifiques et technologiques. « Il est primordial de travailler à obtenir une meilleure vision globale des risques auxquels la population est exposée, et de développer des solutions de remédiation et de réduction de cette exposition », explique le rapport.

L’Office ajoute que « certains domaines de la recherche, comme celui des sciences humaines et sociales ou la question des impacts de la pollution à la chlordécone sur la biodiversité, peu investis jusqu’à présent, doivent désormais être pris en compte ».

Pour les sénateurs, il faut repenser la communication pour la rendre « moins verticale » et tenir compte « des réalités socio-culturelles propres aux Antilles », notamment en s’appuyant sur l’ensemble des médias tout en ciblant les populations sensibles et particulièrement à risque d’exposition, comme les travailleurs agricoles et des marins pêcheurs.

Concernant l’action de l’Etat, si le plan chlordécone IV « est un progrès », le rapport préconise qu’une évaluation externe soit réalisée à mi-parcours.

« Pour mieux gérer les crises futures, où qu’elles se produisent, l’Etat doit tirer tous les enseignements des lenteurs, erreurs et faiblesses qui ont affecté la prise en charge des populations antillaises et nourri leur défiance », conclut le rapport.

En janvier, deux juges d’instructions parisiennes ont mis un point final, sans poursuites, à l’enquête sur l’empoisonnement massif des Antilles au chlordécone, provoquant la colère des parties civiles qui ont fait appel de leur décision.