Accéder au contenu principal
Agroalimentaire, innovation

Avril mise sur le carburant d’aviation durable (CAD)


TNC le 26/09/2023 à 17:56
ConfErenceAvril1

Avril a détaillé les enjeux de la valorisation des cultures intermédiaires pour créer des biocarburants à destination de l’aviation civile.

Acteur majeur du développement des biocarburants dans les années 2000, le groupe Avril entend proposer au secteur aéronautique un carburant d'aviation durable à base de cultures intermédiaires. L’expérimentation de la culture estivale de la cameline constituerait une piste de contribution de l’agriculture à la décarbonation du secteur de l’aviation, sous réserve d’une réglementation assurant des débouchés et d’une mobilisation des acteurs du monde agricole.

En plein débat autour des annonces relatives à la planification écologique, le groupe Avril a fait part des expérimentations réalisées avec l’implantation de la cameline en culture intermédiaire en vue de produire du carburant d’aviation durable. Après le développement du biodiésel dans les années 2000, le groupe étudie celui d’une énergie renouvelable en vue d’une décarbonation progressive du secteur aéronautique à l’horizon 2050 avec une contribution nécessaire estimée de 100 à 150 millions de tonnes au niveau mondial.

Une production additionnelle de protéines et d’huile

« Il n’est pas question que l’aviation compense ses besoins en récupérant une huile qui serait destinée à l’alimentation humaine. Cela nécessite de produire plus et capter plus de carbone grâce aux cultures intermédiaires », affirme Jean-Phillipe Puig

Des tests ont ainsi été effectués par des agriculteurs avec la culture intermédiaire de la cameline, depuis 2020. Implantée après la récolte de la culture d’hiver et en amont des semis d’automne, ces cultures intermédiaires adaptées en raison de leur cycle court, entre 90 et 100 jours, permettent une production d’huile additionnelle et de tourteaux riches en protéines sur la même surface.

 Elles présentent en outre des bénéfices environnementaux notables tels que la couverture végétale pendant les périodes d’interculture, la protection contre l’érosion, la limitation de l’évapotranspiration du sol ou encore la captation du dioxyde de carbone par photosynthèse.

Contribution au secteur aéronautique

« D’un point de vue énergétique, il est possible d’obtenir une valorisation des graines de cameline et de créer des biocarburants à destination de l’aviation civile », explique Gilles Robillard, président de Terres Innovia. Le carburant d’aviation durable est obtenu à partir d’une transformation des graines de cultures grâce à des outils de trituration et de raffinage.

Les enjeux sont de taille pour le secteur aérien, qui serait responsable d’1/5eme des émissions d’ici 2050. Dans le cadre de cette projection, une marge de manœuvre de 50 % est envisageable en fonction du type de carburant utilisé.

« Les députés européens ont voté le 13 septembre le texte Refuel Aviation, dont l’objectif est de décarboner le secteur aérien et qui précise, qu’en 2025, il faudra 2 % de carburant d’aviation durable dans le kérosène, ensuite 6 % en 2030 et 70 % en 2050, ce qui apporte un cadre. La France a été précurseur à ce sujet, avec des objectifs d’incorporation de carburant durable depuis 2022, fixant 1 % de CAD depuis le premier juillet 2022 et 1,5 % à partir de l’année prochaine », explique Kristell Guizouarn, directrice des affaires réglementaires d’Avril, spécialiste des produits pétroliers, biocarburants et CAD.

Une opportunité de revenus supplémentaires pour les agriculteurs

À l’échelle nationale, ce projet nécessite ainsi le développement de la recherche variétale et la « structuration d’une filière durable et française autour de ces cultures pour la rendre économiquement viable pour les agriculteurs et compenser la prise de risque ». En effet, les valeurs des rendements potentiels sont relativement faibles actuellement, à 17 q/ha, même si l’emploi de la technique de fauchage andainage permettrait d’améliorer ce résultat, selon Avril.

L’objectif est que les agriculteurs s’emparent de ce sujet. «Ça fait partie de notre ADN de prendre des risques pour se créer de nouveaux débouchés », soutient Fabrice Moulard, agriculteur à Villiers-en-Désœuvre (Eure) et administrateur de la Fédération française des producteurs d’oléagineux et de protéagineux (FOP), qui a testé l’implantation de la cameline dans son exploitation.