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Protection des cultures

« 38 % des usages ne sont pas pourvus aujourd’hui en solutions de protection »


TNC le 24/02/2023 à 10:40
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« La transformation de l'agriculture française peut aller plus vite et plus loin, à la condition d'accélérer le flux d'innovation en France », déclare Bruno Baranne, président de Phyteis. (©Minka2507/Pixabay)

Dans un contexte marqué par plusieurs interdictions sans solutions alternatives, Phyteis appelle à « libérer l'innovation en agriculture ». À l'occasion de sa conférence de presse annuelle, l'organisation professionnelle a rappelé son approche plus globale et combinatoire de la protection des cultures.

Pour Phyteis (ex UIPP), « la mise en œuvre d’interdictions de produits phytopharmaceutiques visant des usages pour lesquels il n’existe pas encore d’alternatives techniques disponibles en 2023, assigne un nombre croissant d’agriculteurs à une situation d’impasse technique ». Parmi les derniers exemples en date : l’arrêt de la CJUE du 19 janvier dernier relatif à l’interdiction d’utilisation temporaire de semences traitées avec des néonicotinoïdes.

« Pas d’interdiction sans solutions »

« En tout, on compte aujourd’hui, dans l’Hexagone, 38 % des usages qui ne sont pas pourvus en solutions de protection et 25 % des usages sont couverts par une seule et unique solution technique. Cette situation fragilise considérablement l’agriculture française », dénonce Bruno Baranne, président de Phyteis, pour qui la réponse passera par l’innovation. 

« Mais pour que cela fonctionne, il faut que plusieurs conditions soient réunies ». Le président de l’organisation reprend notamment le slogan « pas d’interdiction sans solutions. […] Le pas de temps de la recherche est ce qu’il est. La planification des politiques agricoles doit tenir compte de ce délai incompressible de mise au point de nouvelles solutions et des délais d’homologation des produits réglementés (environ 10 ans pour un produit phytosanitaire). Elle doit aussi permettre l’émergence d’un cadre réglementaire adapté, stable et reposant sur la science, à même de favoriser l’accélération et la diversité des pistes d’innovation ainsi que le développement de collaborations multipartites, dans une logique d’écosystème de l’innovation en agriculture ».

« Renforcer l’approche combinatoire »

La protection des cultures étant de plus en plus complexe, Phyteis, qui fédère 18 entreprises mettant sur le marché des solutions de protection des cultures à usage agricole, avait initié l’an dernier un repositionnement de ses activités. « L’objectif est d’accompagner les agriculteurs à répondre à ces trois enjeux majeurs : la maîtrise de la souveraineté alimentaire, la réduction de l’empreinte environnementale et la lutte contre le réchauffement climatique, tout en permettant la performance économique des exploitations agricoles », rappelle Bruno Baranne. 

Phyteis veut « enrichir la boîte à outils des agriculteurs » et promeut aujourd’hui une « approche combinatoire », intégrant l’ensemble des solutions de protection. Les activités de l’organisation ont ainsi été repositionnées sur « quatre familles de solutions complémentaires et indissociables, à savoir l’agronomie digitale, les biotechnologies, la bioprotection et la phytopharmacie conventionnelle ». 

Pour réduire le recours aux produits phytos

Une approche qui se traduit aussi dans les chiffres. « Malgré un rebond conjoncturel lié au contexte particulier des deux dernières années (contexte inflationniste, tensions d’approvisionnement, achats de précaution…), la tendance à la baisse de l’utilisation de produits phytopharmaceutiques se confirme », selon l’organisation. Elle relève « un recul de 19,35 % depuis 2018, de 29,5 % depuis 2008 et de 54 % depuis 1999 des volumes de matières actives vendues à la distribution par ses adhérents en France (qui représentent environ 96 % du marché national en valeur) », précise Emmanuelle Paboletta, directrice générale de Phyteis.

« En valeur, nos adhérents ont enregistré un chiffre d’affaires total de 2,5 milliards d’euros en 2022. » Et « la part des solutions de biocontrôle poursuit sa progression avec un chiffre d’affaires de 125 millions d’euros en 2022, soit plus de la moitié du marché du biocontrôle en France. Les ventes de biostimulants homologués et de solutions d’agronomie digitale s’établissent respectivement à 41 millions d’euros (plus de la moitié du marché des biostimulants homologués, estimé à près de 70 millions d’euros en France) et 1,8 millions d’euros. »

« À horizon 2030, le secteur a notamment prévu d’investir 4 milliards d’euros dans le développement et le déploiement  de  solutions de bioprotection et 10 milliards d’euros pour les solutions d’agronomie digitale. » Parmi les projets évoqués : « la construction d’une base de données européenne ouverte baptisée « DLC Digital Label Compliance », en lien avec différents acteurs agricoles. Objectif : sécuriser l’usage des solutions phytopharmaceutiques. Le déploiement progressif dans les pays européens est prévu pour 2025 ». Phyteis soutient également les projets de système de transfert fermé pour les bidons de produits phytopharmaceutiques, permettant de remplir le pulvérisateur sans aucun contact avec le produit. La mise en place est programmée courant 2023-2024.

« Alors que les agriculteurs déploient des efforts considérables pour préserver la ferme France, Phyteis et ses adhérents sont plus que jamais mobilisés, afin de mettre à leur disposition des solutions et des outils innovants, durables, sûrs et abordables, indispensables à la réalisation de leur mission d’utilité publique », a réaffirmé Emmanuelle Pabolleta.