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Dans le panier des Français

– 6 à 6,4 % pour les produits alimentaires biologiques en 2022


AFP le 01/06/2023 à 15:21
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« Le marché se pilote autant par l'offre dans les champs que la demande dans les assiettes », estime la présidente de l'Agence bio. (©Pixabay)

La part des aliments biologiques dans le panier de courses des Français a reculé de 6,4 à 6 % en 2022, a indiqué l'Agence bio jeudi lors d'une conférence de presse, illustrant la crise que traverse le secteur avec un besoin « urgent » de relancer la demande.

La part du bio dans les achats se replie dans un contexte de « recul inédit » de la consommation alimentaire à domicile des ménages (- 5,1 %), qui ont vu leur pouvoir d’achat se rétracter à cause de l’inflation. En comparaison, la part de bio dépasse 10 % dans les caddies d’autres pays européens comme le Danemark ou l’Autriche, qui ont des politiques « très volontaristes », a souligné Laure Verdeau, directrice de l’Agence bio.

Les ventes de produits bio pour la consommation à domicile, qui représentent 92 % des débouchés du secteur, en valeur ont baissé de 4,6 % l’an passé, s’établissant à 12 milliards d’euros. « La plus forte baisse touche les 3 000 magasins bio, avec une chute de la fréquentation et près de 200 fermetures », a indiqué Laure Verdeau. Leurs ventes se replient de 8,6 %, et celles de la grande distribution de 4,6 %. À l’inverse, les 26 000 fermes bio, « qui font la conjugaison du bio et du local, sont en croissance » a-t-elle ajouté, avec des ventes qui progressent de 3,9 %.

Déjà une baisse de 1,4 % en 2021

En 2021, les ventes de produits bio destinés à la consommation à domicile (supermarchés, vente à la ferme, etc.) avaient déjà reculé de 1,4 %, une première baisse inédite depuis 2010. Les ventes de produits bio pour la consommation hors domicile ont, pour leur part, augmenté de 17 % en 2022, première année de reprise de pleine activité pour les restaurants après la pandémie de Covid-19.

La part de denrées bio dans la restauration collective reste stable avec 7 % des achats – encore loin de l’objectif de 20 % fixé en 2018 dans la loi Égalim – et tombe de 2 à 1 % dans la restauration commerciale, pour laquelle « tout reste à faire », a estimé la directrice de l’Agence bio. « Le marché se pilote autant par l’offre dans les champs que la demande dans les assiettes », a-t-elle commenté, soulignant le besoin « urgent » de relancer la consommation de produits bio. Pour aider l’agriculture biologique à traverser ces difficultés, le ministre de l’agriculture a annoncé mi-mai une « enveloppe de crise » dotée de 60 millions d’euros.

« On a besoin des pouvoirs publics pour passer le cap, ou les éleveurs risquent de se déconvertir car la demande n’est pas là en ce moment », a réagi auprès de l’AFP Philippe Sellier, président de la commission bio d’Interbev (interprofession bétail et viande). « On est incapables de convaincre des gens de passer en bio s’ils ne peuvent pas valoriser leur travail », a ajouté cet éleveur de vaches en Normandie.

En 2022, il y a 10,7 % des surfaces agricoles cultivées en AB, un chiffre qui stagne par rapport à 2021. La France ambitionne d’atteindre 18 % en 2027. Avec la baisse de la demande, les surfaces en première année de conversion ont chuté de 40 %. Le solde entre les arrivées et les sorties du bio « reste encore positif, mais traduit un réel coup de frein de la dynamique de conversion à l’agriculture biologique », selon l’agence.