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Bilan météo du printemps 2022

Une sécheresse des sols au niveau de mi-juillet


AFP le 03/06/2022 à 14:20
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Le mois de mai 2022 a été le plus sec jamais enregistré. (©Pixabay)

La France a connu le troisième printemps le plus sec depuis le début du XXe siècle et la sécheresse des sols correspond à celle habituellement relevée mi-juillet, s'est inquiété vendredi Météo-France qui table aussi sur un été chaud et sec.

« La situation est inquiétante et suivie de près », a commenté lors d’un point presse Jean-Michel Soubeyroux, de Météo-France, alors que les agriculteurs craignent déjà pour leurs récoltes.

Le printemps (mars-avril-mai) 2022 a enregistré un déficit de précipitations de 45 % par rapport à la normale, le classant au troisième rang des printemps les plus secs derrière 2011 et 1976, année de sécheresse historique. Il s’est également classé troisième printemps le plus chaud.

45 % de déficit de précipitations au printemps

Cette situation est liée notamment à un mois de mai sans précédent : le plus sec jamais enregistré (65 % de déficit de précipitations en moyenne, avec des cumuls de pluies inférieurs à 20 mm sur une grande partie du territoire) et le plus chaud (température moyenne de 17,8°C, un degré de plus que le précédent record de mai 2011), selon le bilan présenté vendredi. Des nuits tropicales (quand la température ne descend pas sous 20°C) ont même été enregistrées pour la première fois en mai à Lyon, Orléans ou Bordeaux.

Résultat, « la sécheresse précoce des sols superficiels s’est fortement aggravée au cours du mois », a expliqué Jean-Michel Soubeyroux. « Quasiment l’ensemble du territoire est touché par une sécheresse des sols de niveau au moins décennal pour la saison, c’est-à-dire que l’on rencontre une année sur dix », a-t-il précisé.

Un été chaud et sec

A l’échelle de la France, l’indice d’humidité des sols atteint ainsi au 1er juin une valeur habituellement rencontrée à la mi-juillet. Et la situation pourrait s’aggraver.

Dans un contexte de réchauffement de la planète qui accentue la fréquence, l’intensité et la durée des sécheresses, Météo-France table ainsi sur un été (juin-juillet-août) chaud et sec.

Selon les tendances saisonnières pour l’été présentées vendredi, qui se distinguent des prévisions météorologiques, un scénario chaud est « très probable » sur la moitié sud du pays et « probable » sur la moitié nord. Un scénario sec est également « probable » sur la moitié sud, mais aucun scénario n’est privilégié sur la moitié nord.

Interrogé sur l’hypothèse d’une sécheresse historique comme celle de 1976, Jean-Michel Soubeyroux a noté que le mois de juin serait crucial.

« La sécheresse de 1976 s’était beaucoup développée au cours du mois de juin. Ce qui va se passer en juin va être essentiel, notamment concernant les impacts sur l’agriculture », a-t-il ajouté, espérant que les orages prévus pour ce week-end apportent des précipitations pas trop intenses susceptibles d’améliorer la situation.

En outre, les orages apportent par nature des précipitations localisées. « Quelques kilomètres plus loin, là où l’orage n’est pas passé, la sécheresse reste au même niveau », a commenté Romaric Cinotti, de Météo-France, notant également les risques renforcés d’incendies.

La sécheresse des sols de 1976 est la plus forte enregistrée depuis 1959 (début de l’historique de cet indicateur), avec plus de 35 % du territoire touché.

La France a connu d’autres périodes de sécheresse importantes dans les dernières décennies (1989, 2003, 2011…) mais l’assèchement des sols constaté depuis le début du siècle s’accentue avec le réchauffement de la planète. Les sécheresses sont plus intenses et plus longues, et la proportion du territoire touchée plus importante, de 5 % dans les années 1960 à 10 % pour les années récentes.

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