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La pêche française

Un secteur prospère à l’avenir en question


AFP le 12/09/2019 à 10:20
Sailing on the sea

(©Getty images)

Poissons vedettes des étals, techniques, situation de sa flotte : tour d'horizon de la filière pêche française, réunie en assises à Granville (Manche), un secteur en bonne santé mais inquiet pour son avenir.

Sur le podium européen mais déficitaire la France est le troisième producteur de poissons (pêche et aquaculture confondues) de l’Union européenne, avec près de 700 000 tonnes de produits de la mer en 2018. Ex aequo avec le Danemark, elle est relativement loin derrière l’Espagne (1,15 million de tonnes) et le Royaume-Uni (près de 900.000 tonnes), En 2016, la France avait vendu quelque 700 000 tonnes de poissons pour un chiffre d’affaires de 2,7 milliards d’euros. Malgré cela, la pêche française reste minoritaire sur les étals et déficitaire, avec des importations qui excèdent largement ses exportations, contribuant pour 4,3 milliards d’euros au déficit du commerce extérieur français. La faute à un goût prononcé pour des espèces introuvables dans les filets français. En 2018, la France a ainsi importé pour 1,4 milliard d’euros de saumons et 800 millions d’euros de crevettes, qui constituent à eux deux le tiers des importations de poissons. Seuls 25 % du poisson que nous achetons provient de la pêche française, explique ainsi France Filière Pêche dans une enquête cette année.

Parmi les produits préférés des Français pêchés par les armements hexagonaux, on trouve le lieu noir, la coquille Saint-Jacques, la lotte, le bulot, le maquereau et le merlan. Des armements vieillissants La France, qui compte 7 855 bateaux, dont 4 417 en métropole compte parmi ces derniers essentiellement des petits bateaux, de moins de 12 mètres, dédiés à la petite pêche (3 562 bateaux) contre 300 bateaux à peine dédiés à la pêche au large et à la grande pêche. Le chiffre d’affaires le plus conséquent vient toutefois des plus grosses unités. La pêche au chalut approvisionne 54 % de l’offre en pêche française. Elle permet de pêcher les espèces près du fond comme le cabillaud, le merlu, la lotte ou la langoustine ainsi que des espèces pélagiques comme l’anchois (chalut pélagique). Le reste des approvisionnements se fait avec des filets pour capturer notamment lotte, raie, sole ou langouste (11 %), la drague, qui permet de pêcher des coquillages comme la Saint-Jacques (9 %), le casier, qui permet de pêcher crabes, homards et autres crustacés (5 %) et la palangre, qui capture requins, congres et autres dorades (4 %). La pêche française est engagée dans un renouvellement de sa flotte, vieillissante. Depuis deux ans, une vingtaine de navires de 18-24 mètres sont ainsi sortis des chantiers. L’enjeu est de réduire la facture énergétique, améliorer la qualité de vie à bord pour attirer de nouveaux marins.

Une activité rémunératrice

En 2016, la France comptait quelque 13 500 marins-pêcheurs, dont environ 9 500 en métropole et près de 4 000 dans les outremers. Mais quelque 2 000 d’entre eux, soit un peu moins d’un sur six, seront à la retraite d’ici 2020. Pointés du doigt comme responsables de la surpêche, les marins ont vu chuter leur cote d’amour. Selon le dernier bilan de l’Ifremer des ressources halieutiques françaises, 48 % des volumes pêchés en France sont issus de stocks de poissons exploités durablement, et 27 % de stocks surpêchés. Le reste est constitué d’espèces non classifiées ou non évaluées. La situation s’améliore, mais l’objectif européen de 100 % des espèces pêchées durablement d’ici fin 2020 ne sera pas atteint. Outre l’aspect environnemental, selon France Filière Pêche, 58 % des Français pensent qu’un marin-pêcheur gagne un salaire inférieur ou égal au Smic, alors que sa rémunération mensuelle varie entre 2 500 et 3 000 euros nets mensuels.

Le spectre du Brexit

Avant de renouveler leur flotte, certains armateurs et pêcheurs se posent des questions par rapport au Brexit, qui obstrue considérablement leur vision sur l’avenir du métier. Lors d’une audition devant le Sénat en février, Hubert Carré, directeur général du comité national des pêches, a estimé à 140 millions d’euros le manque à gagner en termes de chiffre d’affaires pour la pêche française en cas de « no-deal », sans compter les métiers de l’aval. Quelque 200 bateaux de pêche français, verraient leur chiffre d’affaires « impacté à plus de 20 % » en cas d’exclusion des eaux britanniques, avec d’importantes disparités, selon les ports.