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FNPL

Un plaidoyer pour redonner de la fierté aux éleveurs laitiers


TNC le 28/02/2023 à 16:47
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Thierry Roquefeuil, président de la FNPL, lors d'une conférence de presse le 28 février au salon de l'agriculture. (©TNC)

À l’occasion du salon de l’agriculture, la Fédération nationale des producteurs de lait (FNPL) met en avant un manifeste, véritable plaidoyer en faveur de l’élevage laitier, pour rappeler sur des bases scientifiques tout ce que la production laitière française apporte à l’économie, à la vie des territoires et à l’environnement. Autant d'arguments à mettre en avant pour valoriser le travail des éleveurs, face à l’enjeu du renouvellement des générations, en parallèle d’un combat de fond pour une juste rémunération.

Face à une image de l’élevage bovin souvent dégradée, « nous avons l’ambition de rééquilibrer les discours, en portant des éléments concrets », a expliqué Thierry Roquefeuil, président de la FNPL, en présentant le 28 février un plaidoyer pour l’élevage laitier, au titre éloquent : « Fiers d’être éleveurs laitiers français ». 

« Tout n’est pas rose dans la filière laitière française, mais les éleveurs ont un système qui est durable », rappelle de son côté Stéphane Joandel, vice-président de la FNPL. Le plaidoyer comporte trois axes majeurs. Alimentaire premièrement, soulignant l’importance du lait et des produits laitiers dans une alimentation équilibrée (croissance, lutte contre l’ostéoporose…), à partir d’études scientifiques reconnues. Un deuxième sur les atouts de l’élevage laitier pour l’environnement : entretien des prairies, des haies, participation à la vie des sols grâce à l’apport de matière organique. Et enfin, l’axe économique, à travers les emplois générés par l’élevage laitier sur les territoires ruraux. Adossé à des rapports d’experts et des études scientifiques, le plaidoyer sera enrichi au cours des prochains mois pour une version finalisée lors des salons de la rentrée (Space et Sommet de l’élevage).

Négociations commerciales : l’enjeu de maintenir des prix pour 2023

Alors que les négociations commerciales pour 2023 doivent s’achever le 1er mars à minuit, la FNPL s’inquiète également de l’infléchissement des cours du beurre poudre, qui pourrait entraîner une baisse des prix du lait dans les mois à venir. Or, « la France est le pays où le prix du lait a été le plus faible en 2022 », rappelle Thierry Roquefeuil. « De toute évidence, si on ne monte pas aussi vite que les autres pays, on ne pourra pas descendre aussi vite quand le marché s’inversera », prévient-t-il.

La principale crainte, au niveau des négociations commerciales, est qu’en cas de matière première industrielle insuffisamment valorisée, « on soit la variable indirecte d’ajustement », insiste Yoann Barbe, trésorier de la FNPL. Si le projet de loi Descrozaille va actuellement dans le bon sens pour renforcer les lois Egalim, la FNPL reste également attentive à ce que les marques de distributeurs (MDD) fassent partie du dispositif.

« Il n’est pas question qu’en 2023, on décroche sur le marché intérieur par rapport à ce qu’on a vécu en 2022 et surtout, il ne faut pas rentrer dans le schéma que l’on connaît dans la filière bio », prévient Thierry Roquefeuil.

Aider le lait bio à passer un cap difficile

Car en effet, le sujet de la rémunération du lait bio est particulièrement brûlant, face à la déconsommation actuelle. « Les statistiques montrent qu’au deuxième semestre, la production va baisser notamment suite aux cessations de lait bio, que ce soient des arrêts de production ou des décertifications, explique Samuel Bulot, producteur bio, membre du bureau de la FNPL.

Si le ministère a annoncé un plan de 10 M€ pour soutenir l’agriculture biologique, ces annonces restent insuffisantes au regard des besoins. « La perte a été chiffrée à 70 M€ pour les éleveurs depuis un peu plus d’un an que le lait bio n’est plus payé à sa juste valeur », précise Samuel Bulot, et le soutien des pouvoirs publics est d’autant plus nécessaire que le gouvernement ne modifie pas son objectif de 18 % de SAU menée en agriculture biologique. Aujourd’hui, l’offre ne correspond pas à la demande et une quarantaine de pourcents de lait bio n’est pas valorisée en bio.

Pour Thierry Roquefeuil, les acteurs politiques sont co-responsables de cette situation du bio. « On a besoin de transition économique sur le bio, car si les gars continuent de repartir en conventionnel voire à arrêter le métier, on sait que dans deux ou trois ans, on va manquer de bio à nouveau ». Sans compter que 2023 risque d’être bien pire que 2022, compte tenu de la baisse des cours, avertit le président de la FNPL, qui demande donc au gouvernement un soutien renforcé.