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Sécheresse et canicule

Un impact sur les marchés du lait et de la viande bovine, en France et ailleurs


TNC le 01/08/2019 à 09:39
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La sécheresse qui sévit dans notre pays et plus largement dans l'ouest européen depuis plusieurs mois, conjuguée aux deux épisodes caniculaires à un mois d'intervalle, affecte les animaux, donc la production de lait et de viande, mais perturbe également les marchés. La collecte laitière française a chuté de - 1,5 % en une seule semaine de fortes chaleurs fin juin. Quant aux bovins finis, vifs et aux veaux, l'offre et les cours sont en berne. Mais cette situation ne se limite pas à la France : l'Europe est aussi concernée, l'Océanie et l'Amérique du Sud également.

En cette période de sécheresse prolongée, à laquelle s’ajoutent deux épisodes de canicule séparés d’à peine un mois, les animaux souffrent à la fois des températures très élevées et du manque d’herbe dans les prairies. Pas étonnant que la collecte laitière s’en ressente. En France, après un début d’année 2019 difficile (- 2 % sur le 1er trimestre comparé à la même période en 2018 et – 1,6 % rien qu’au mois de mai), elle avait augmenté à nouveau durant les premières semaines de juin avant de dégringoler de – 1,5 % d’après FranceAgriMer en seulement quelques jours suite à une montée subite du thermomètre à la fin du mois au-delà de 35°C, voire davantage, dans de nombreux départements.

Le 2 juillet, la fin de cette vague de chaleur laissait espérer un retour à la normale pour atteindre au minimum le niveau collecté le même mois l’an passé. Mais c’était avant la deuxième canicule de fin juillet, dont les effets sur la production laitière ne sont pas encore connus. La sécheresse et la canicule touchent aussi d’autres pays d’Europe de l’Ouest. En Allemagne notamment, « la collecte a chuté de – 2,7 % selon l’agence ZMB » la même semaine de juin où elle a baissé de – 1,5 % en France et « elle a reculé sur le mois de – 1,3 % comme en mai, revenant à son niveau de 2016 et 2017 », précise l’Institut de l’élevage Idele dans la revue Tendances. Si le temps chaud et sec perdure, il limitera la remontée saisonnière de septembre et empêchera toute reprise de la collecte laitière au second semestre 2019.

En Allemagne, la collecte a chuté de – 2,7 % la semaine de canicule de juin

La Nouvelle-Zélande et l’Australie également touchées

L’hémisphère sud n’est pas non plus épargné. « Alors que la campagne néo-zélandaise s’annonçait exceptionnelle, une vague de chaleur et un temps sec se sont abattus sur une grande partie du pays depuis janvier affectant la production fourragère et laitière », indique l’organisme. Ainsi, cette dernière a cessé d’augmenter en février et s’est repliée de – 8,3 % en mars et de – 8,4 % en avril. « Sur toute la campagne, la hausse de production n’est que de 2,2 % par rapport à 2017/2018. » La Nouvelle-Zélande réalise malgré tout sa 2e meilleure production après 2014/2015.

Quant à l’Australie, la sécheresse estivale a été encore plus marquée que les années précédentes et la collecte s’est fortement érodée : – 14 % en avril et en mai. En Argentine enfin, « la situation est presque aussi préoccupante », poursuit l’idele. « Des conditions climatiques extrêmes durant l’été austral − température élevée et forte hydrométrie − ont entravé la production laitière qui a chuté de décembre à avril de – 7,5 % par rapport à 2018. » « Malgré des ressources laitières réduites dans tous les bassins excédentaires, les marchés des produits laitiers ne sont pas euphoriques. Les cours de la protéine laitière ne progressent plus tandis que ceux du beurre et du lactosérum poursuivent leur repli », ajoute l’institut.

– 8,3 % en mars et – 8,4 % en avril en Nouvelle-Zélande- 14 % en avril et en mai en Australie

Le secteur de la viande bovine aussi

Transport d’animaux suspendu, consommation moindre entraînant une réduction des abattages… le secteur de la viande bovine, « parfois déjà en difficulté », est également perturbé par les fortes chaleurs. Elles réduisent aussi l’offre mais malgré cela, les cours sont en baisse pour les bovins finis, mâles comme femelles, les veaux de 8 jours et les broutards. Elle affecte de plus « le marché européen du jeune bovin, déjà encombré, et les prix sont partout à la traîne ». La demande italienne de broutards a été freinée et les exports vers le Maghreb ralentis. Les exportations françaises de broutards sont aussi en recul. « La canicule a été fatale aux cours du veau de boucherie », qui s’est effondré et frôle les 5 €/kg.