Un exosquelette pour faciliter la traite
TNC le 24/05/2024 à 05:01
La traite est le geste le plus répétitif en élevage. C’est pourquoi elle sollicite l’organisme du trayeur et peut, à la longue, provoquer des troubles musculo-squelettiques. Pour pallier ce problème, Cécile Planchais s’est équipée d’un exosquelette. Elle raconte son cheminement avant d’adopter cet équipement et, trois ans après, dresse un bilan positif.
« Je n’ai pas envie d’arriver à la retraite toute cassée », dit Cécile Planchais. Calme mais déterminée, cette éleveuse qui trait 85 vaches deux fois par jour explique pourquoi elle a choisi, il y a presque trois ans, de s’équiper d’un exosquelette.
Cécile Planchais s’est installée en 1992 avec son mari. En 2007, ils décident de faire refaire leur salle de traite. Ils optent pour une installation de deux fois huit postes, en traite par l’arrière. « Rapidement, je me suis rendu compte que je ne me sentais pas bien dans cette salle de traite », se souvient Cécile. Et pour cause, malgré les demandes qu’elle a exprimées au moment des travaux, le fond de la fosse se trouve 30 cm trop bas pour elle. Elle est ainsi contrainte de lever les bras pour brancher les vaches ; un geste extrêmement fatiguant quand il est répétitif.
Quelques années plus tard, un plancher mobile est installé, grâce auquel Cécile monte de 28 cm. Une installation qui permet aussi à son mari ou à ses enfants, lorsqu’ils la remplacent à l’occasion, de ne pas se casser le dos.
Mal aux épaules malgré tout
Malheureusement, cette installation ne suffit pas et Cécile commence à ressentir des douleurs dans les épaules. La gauche, en particulier, souffre parce qu’elle est celle qui branche les trayons.
En 2021, le couple entend parler de l’exosquelette. Plutôt conçu pour l’industrie aéronautique, cet équipement peut-il convenir pour la traite ? Les premières tentatives réalisées à la ferme expérimentale de la Blanche Maison n’ont pas été concluantes. Même si elle se sent « pas emballée au début », Cécile accepte tout de même de faire un essai. La société qui les commercialise lui en prête un pendant quelques jours.
Finalement, cette tentative se révèle concluante. Cécile décide de d’acheter l’exosquelette, pour un coût, à ce moment-là, de 4200 €. Le prix à payer pour garder ses épaules en bonne santé.
Près de trois ans plus tard, elle se dit très satisfaite de cet équipement. « L’exosquelette est très léger, explique-t-elle. Il est aussi facile à mettre et à retirer. Comme c’est un système uniquement mécanique, qui fonctionne avec des ressorts, il n’y a pas de moteur, ni de batterie à recharger. » Le seul travail d’entretien consiste à le nettoyer et, pour cela, il faut le démonter et le remonter.
Dans son principe, l’exosquelette prend le relais lorsqu’il faut soulever le bras. Il allège donc l’effort qui doit être fait par le trayeur dans tous les gestes qui consistent à porter les mains vers la mamelle.
Un réglage soigneux pour un exosquelette efficace
S’il y a une chose sur laquelle Cécile Planchais insiste, c’est sur la nécessité d’avoir un exosquelette très bien réglé. C’est la condition pour qu’il soit une véritable aide. Il faut donc choisir la meilleure taille parmi celles qui existent et, ensuite, l’ajuster soigneusement. « S’il est mal réglé, il sera plus une gêne qu’une aide », insiste-t-elle. Par conséquent, l’exosquelette présente l’inconvénient de ne pas pouvoir être utilisé par une équipe entière, à moins de devoir refaire les réglages en permanence. « Dans mon cas, ce n’est pas un problème parce que je suis la seule à m’en servir », note Cécile Planchais.
A un éleveur qui serait intéressé par cet équipement, Cécile Planchais conseille d’essayer, tout simplement, et sans attendre d’avoir des douleurs. « La traite est le geste le plus répétitif en élevage, il faut se préserver et chercher de quoi atténuer la contrainte ». Le mieux selon elle est donc de demander un exosquelette en démonstration et d’évaluer au cas par cas s’il est pertinent pour soi.
« Les troupeaux ont grossi, les vaches ont grandi. La traite peut donc devenir une activité vraiment problématique. Pour y remédier, certains arrêtent le lait, d’autres remplacent la salle de traite par un robot, moi j’ai choisi de m’équiper d’un exosquelette », conclut-t-elle.