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Luzerne déshydratée

Un excellent produit en matière de bilan carbone


TNC le 24/11/2020 à 17:45
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Parfois encore associée, dans les esprits, à la consommation de montagnes de charbon, la filière luzerne déshydratée travaille pourtant de longue date pour réduire son empreinte carbone, avec une efficacité certaine qu’elle compte bien communiquer, en s’appuyant sur un bilan exemplaire en matière d’utilisation d’énergie renouvelable et de stockage de carbone.

« Les montagnes de charbon sont une réalité du passé. Aujourd’hui, nous avons une évolution extrêmement positive, sur laquelle nous devons communiquer », a souligné Éric Guillemot, directeur de la Coopération agricole Luzerne déshydratée, à l’occasion d’une présentation des bilans carbone et énergie de la filière, le 23 novembre.

Car si aujourd’hui, le sujet du carbone est au cœur de l’actualité, la filière luzerne déshydratée s’est attelée à la problématique dès la fin des années 1990. Après un premier bilan énergétique dressé par un cabinet de conseil en 2003, proposant des pistes d’amélioration comme le préfanage aux champs, une analyse de cycle de vie a été réalisée en 2006. Une actualisation de cette analyse a été présentée par son auteur, Pascal Thiebaut, de l’Inrae de Reims.

Un « bilan énergie » positif

La collecte de données a été réalisée auprès de quatre unités de production, sur quatre années de collecte (2016 à 2019), soit un échantillon représentatif de 29 % de la production nationale. Plusieurs évolutions ont eu lieu depuis 2006-2007 : la mise en œuvre du préfanage à plat au champs et de premiers essais de substitution de plaquettes de bois au charbon en 2008-2009, puis à partir de 2016, la mise en œuvre de fours adaptés à l’incorporation massive de biomasse comme source d’énergie.

Ainsi, d’un bilan énergie extrêmement déficitaire en 2006-2007 (-3,6 GJ/t), l’écart s’est progressivement réduit pour arriver 2018 et 2019 à un excédent d’1,2 GJ par tonne de luzerne déshydratée, notamment grâce au remplacement d’énergies non renouvelables (lignite et charbon) en énergies renouvelables, issue des biomasses végétales utilisées.

Baisse continue du bilan carbone

Depuis 2006, les émissions carbone de la filière connaissent également une baisse continue, grâce au remplacement du carbone non renouvelable (lignite et charbon), par du carbone renouvelable. Le bilan carbone positif s’améliore, passant de + 218 kg/t en 2006 à + 391 kg/t en 2018-2019.

La performance des techniques de récolte, les process industriels moins énergivores, et le remplacement des énergies non renouvelable par des renouvelables, soutenus par la mise en place d’une filière d’approvisionnement « biomasse » ont ainsi permis les évolutions de la filière.

Néanmoins, ces efforts sont pour le moment financés uniquement par celle-ci. « D’où un coût pour les agriculteurs car tous les investissements que nous faisons n’apportent pas de valeur ajoutée sur le marché. Or on ne peut pas sans cesse amputer le revenu des producteurs pour être vertueux. On le fait depuis des années mais ce n’est pas une méthode de gestion durable », regrette Éric Guillemot. Ce dernier n’espère cependant plus que l’Union européenne revienne sur le mécanisme ETS (le système d’échange de quotas d’émissions), qui taxe les émissions en oubliant la spécificité du secteur agricole, qui capte du carbone. Mais les efforts de la filière pourraient à l’avenir être monétisés de gré à gré par des fonds privés. Et ces efforts vont, en tout cas, continuer à s’amplifier : « Nous dévoilerons d’ici janvier notre engagement de réduction supplémentaire à 2025-2030 », indique le directeur de la Coopération agricole Luzerne déshydratée.