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Marchés agricoles

Sur les marchés mondiaux, le reflux continu des céréales et des huiles


AFP le 24/05/2023 à 18:34
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 «  On n'est plus dans la situation de stress de mai 2022. L'attention va désormais plus se porter sur les anciens repères : météo, conditions de culture et disponibilités à l'export », selon Gautier Le Molgat, analyste chez Agritel. (©Adobe Stock)

Rassuré par le renouvellement du corridor maritime ukrainien et la promesse de belles récoltes dans l'hémisphère nord, le marché des céréales restait orienté à la baisse mercredi, tandis que les prix des huiles accentuaient leur repli.

À 221 euros la tonne pour livraison en septembre, le prix du blé tendre a atteint lundi son plus bas niveau en deux ans sur cette échéance sur le marché européen, entraînant le maïs dans son sillage. Après le renouvellement pour deux mois (jusqu’à mi-juillet) de l’accord céréalier de la mer Noire, permettant de sortir des grains d’Ukraine via un corridor sécurisé, le maïs américain s’est négocié à son plus bas niveau depuis juillet dernier.

Cette baisse des prix du grain jaune « peut également s’expliquer par l’amélioration des perspectives d’approvisionnement », avec une future récolte américaine meilleure qu’en 2022-23, quand la sécheresse avait pesé en Europe et aux Etats-Unis, et une nouvelle récolte qui s’annonce exceptionnelle au Brésil, relève l’analyste en chef pour les matières premières de la Commerzbank, Thu Lan Nguyen.

Alors qu’aux Etats-Unis les bonnes conditions météo sur la Corn Belt ont accéléré les travaux de semis, la baisse de la demande chinoise a fait baisser les prix du maïs, souligne également Jack Scoville de Price Future Group.

En Europe, à l’exception de l’Espagne et du Portugal où la sécheresse est dévastatrice pour toutes les cultures, « les perspectives de production de céréales sont satisfaisantes », avec des rendements attendus en hausse par rapport à l’an dernier pour le blé tendre, selon Gautier Le Molgat, analyste au cabinet Agritel (Argus Média France).

« Le marché a perdu 200 euros depuis les plus hauts de mai 2022. On n’est plus dans la situation de stress de mai dernier – alors que le corridor céréalier maritime n’était pas encore en place. L’attention va désormais plus se porter sur les anciens repères : météo, conditions de culture et disponibilités à l’export », a-t-il souligné.

« Absence de la Chine »

Dans un marché habituellement calme à cette période de l’année, avant les moissons, il relève que les prix bas pourraient susciter un regain des achats des pays importateurs, qu’« on ne voit pas pour le moment sur les marchés ».

En revanche, l’importation de blé d’origine polonaise et allemande par une minoterie américaine – « un scénario très rare que l’on ne voit qu’une fois par décennie » selon Michael Zuzolo, de Global Commodity Analytics and Consulting – a soulevé beaucoup d’interrogations aux Etats-Unis, notamment sur l’intérêt d’avoir des stocks élevés si on importe en parallèle. Pour un courtier français, cette vente s’explique car il est actuellement moins cher d’expédier du blé européen sur la côte Est des Etats-Unis plutôt que de l’acheminer du Kansas du fait des coûts de la logistique intérieure aux Etats-Unis.

Sur le marché des oléagineux, la chute des cours mondiaux se poursuit, avec une énorme interrogation : où est passée la Chine ? Après le pic d’avril-mai 2022, où les prix des huiles de colza, tournesol et soja étaient montés à plus de 2 000 dollars la tonne, le reflux est quasi-continu. L’huile de tournesol est retombée à 890 dollars et le colza à 830.

Plusieurs facteurs expliquent cette baisse : « Il n’y a pas eu d’accident climatique comme le dôme de chaleur qui avait détruit la récolte de colza canadien en 2021, la météo est favorable pour les colza et tournesol dans l’hémisphère nord », et en soja, « la très belle récolte brésilienne » va compenser les pertes de l’Argentine liées à la sécheresse, explique Antoine de Gasquet, président de la société de courtage en huiles Baillon-Intercor.

« On a un peu plus d’inquiétudes pour l’huile de palme, du fait de la très forte probabilité du retour d’El Niño, phénomène météorologique qui va ramener un temps sec sur l’Asie du sud-est », mais le pic de la récolte chez les deux premiers producteurs mondiaux (Indonésie et Malaisie) est encore loin, « entre août et novembre ».

« L’offre est importante, c’est la demande qui n’est pas là », résume-t-il, essentiellement du fait de « l’absence de la Chine », confrontée à une baisse de la croissance économique du pays, qui a récemment annulé plusieurs appels d’offres pour du soja américain.